
Même si les recherches restent préliminaires, les conclusions restent plus solides et prometteuses que celles d’autres études très largement diffusées, mais qui ne prouvaient rien d’un point de vue scientifique.
Les résultats du premier essai clinique au monde mené sur 129 patients atteints d’une forme moyenne ou grave de Covid-19 montrent que ce médicament permet de limiter le risque d’entrée en réanimation ou de décès, indique l’Assistance publique-hôpitaux de Paris.
Une première bonne nouvelle sur le front de la recherche ? Alors que les essais cliniques se sont multipliés en France et dans le monde en quelques semaines, l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé de rendre publics les résultats préliminaires d’une étude, qui n’est pas encore publiée et qui mérite encore quelques approfondissements. Mais ces premières conclusions montrent une efficacité du tocilizumab (Actemra ou RoActemra), pour éviter une réaction exagérée du système immunitaire chez certains patients graves du Covid-19.

Moins de patients décédés ou en réanimation
Ce traitement a réduit « significativement » la proportion de patients ayant dû être transférés en réanimation ou décédés, par rapport à ceux ayant reçu un traitement standard, a indiqué l’Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué. Il s’agit du « premier essai comparatif par tirage au sort » qui fait la « démonstration d’un bénéfice clinique » de ce traitement chez des malades Covid souffrant d’une infection sévère.
La logique derrière les essais cliniques testant le tocilizumab, c’est la réduction du fameux orage citokynique qui se produit chez certains patients atteints de forme sévère de la maladie. En effet, chez ces patients gravement infectés par le SARS-CoV-2, s’abat parfois une tempête de molécules inflammatoires en réaction à l’infection. Les cellules épithéliales sont infectées par le virus, la perméabilité cellulaire augmente, cela dans l’objectif de combattre l’infection.

Au sein de cette étude parue dans la prestigieuse revue médicale, le tocilizumab était cité parmi les traitements existants potentiels. Cela s’inscrit donc dans une certaine continuité dans la recherche médicale.
Pourquoi pourrait-il répondre à Covid-19 ?
Les médecins suspectent justement, depuis quelque temps déjà, que la maladie Covid-19 provoquée par le nouveau coronavirus est à l’origine d’une hyperinflammation, un choc cytokinique. Dans un article paru le 16 mars 2020 dans The Lancet, les médecins écrivent que « des preuves accumulées suggèrent qu’une partie des patients souffrant de Covid-19 sévère pourraient avoir un syndrome d’orage cytokinique. » Ils ajoutent : « Nous recommandons l’identification et le traitement de l’hyperinflammation en utilisant des traitements existants et approuvés, à l’innocuité prouvée, pour faire face au besoin immédiat de réduire la mortalité ».
Mais selon eux il s’agit de « la première démonstration rigoureuse, exemplaire, par une méthodologie indiscutable d’essai randomisé contrôlé, d’un bénéfice clinique chez les malades sévères Covid », tous traitements confondus. Ce résultat justifie, à leurs yeux, l’annonce avant même de pouvoir en révéler tous les détails.
Ces résultats doivent encore être «consolidés» et seront publiés dans une revue scientifique d’ici quelques semaines. Utilisé habituellement dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, il agit en bloquant le récepteur d’une protéine du système immunitaire qui joue un rôle important dans le processus inflammatoire.
Une réaction rare, mais grave
Ce profil correspond « seulement à 5 % à 10 % des patients infectés » par le coronavirus, mais ils font partie de ceux qui ont le plus de risque d’être placés sous respiration artificielle ou de décéder, a souligné Xavier Mariette, co-investigateur coordonnateur de l’étude, au cours de la conférence téléphonique.
Faut-il crier victoire ?
Non, même si les médecins de l’AP-HP qualifient ce premier essai contrôlé de «prometteur» et notent qu’il est porteur d’espoir. Même constat à l’hôpital Foch de Suresnes, où 30 patients de moins de 80 ans ont reçu la molécule, avec une «nette réduction» du recours à la ventilation mécanique et un taux de survie plus élevé. Des résultats qu’il faudra analyser et confirmer, grâce au suivi à long terme des patients.
Aujourd’hui aucune expérience ne respecte les standards des essais cliniques, on peut donc difficilement en tirer des recommandations. La communication de l’AP-HP laisse entrevoir une publication rigoureuse (essai randomisé et multi-centrique) mais, pour l’instant, la publication n’est pas disponible. Impossible donc de savoir ce qu’elle vaut tant sur le plan méthodologique que sur le plan des résultats.
Par ailleurs, les laboratoires Sanofi ont communiqué sur des études en cours concernant le tocilizumab et donnent à voir, on comprend pourquoi, des résultats préliminaires plus mitigés. Actuellement, une trentaine d’essais cliniques sont enregistrés concernant le tocilizumab en application contre le Covid19.
Dans cette histoire, avant de crier « fin de partie », il faudra encore faire preuve de prudence. Ceci dit le fait que partout dans le monde, des équipes y travaillent …
Connexes
Ce qui semble confirmer ce que j’avais envoyé il y a quelques semaines au Pr Messas a l’hôpital Pompidou lui disant que le COVID ressemble à la PAN et qu’on peut essayer de donner le même traitement par le Tocilizumab. Il semblerait que ce traitement soit efficace
A.A
Polyarteritis nodosa (PAN) is a rare systemic vasculitis affecting multiple organs. Current standard treatment includes the use of glucocorticoids and cyclophosphamide. Unfortunately, some patients do not respond to this treatment and other therapeutic options are needed. We present a case of a young male with refractory PAN and ongoing biopsy evidence of active vasculitis despite optimal standard therapies, who was successfully treated with interleukin-6 antagonist, tocilizumab. A 24-year-old male presented with severe immobilizing polyneuropathy and myalgias. Clinical features included fasciitis, tenosynovitis, early signs of polyneuropathy, and panniculitis, which were largely refractory to the standard therapies. The previous unsuccessful treatments included high-dose glucocorticoids, methotrexate, cyclophosphamide, rituximab, anakinra, and intravenous immunoglobulins. Magnetic resonance imaging showed signs of myositis, with muscle biopsy confirming the diagnosis of PAN. Rapid clinical improvement and sustained remission occurred after interleukin-6 inhibition with tocilizumab at increased dose of 800 mg every 4 weeks.