Avec près de 330 millions d’habitants, les Etats-Unis affichent le pire bilan du monde en valeur absolue : plus de 120.000 morts et près de 2,4 millions de cas de Covid-19 détectés. Signe de cette recrudescence : le nombre de nouvelles infections quotidiennes s’est rapproché mercredi de ses niveaux record, avec près de 36.000 cas en 24 heures. Près de la moitié des Etats américains ont connu une augmentation du nombre de cas au cours des deux dernières semaines, mais ceux du Sud, comme le Texas, la Floride et la Californie, affichent des records quotidiens dans le nombre de cas recensés.

La deuxième phase redoutée de la pandémie de Covid-19 n’a pas encore atteint les côtes des États-Unis que le pays connaît une brutale rechute. Les mauvaises nouvelles émanent du Sud, là où nombre de gouverneurs avaient suivi l’appel du président Donald Trump à rouvrir l’économie.
6.000 nouveaux cas quotidiens en Californie, 5.000 au Texas et en Floride, mais aussi 3.000 en Arizona et 2.000 en Géorgie… Le Dr Fauci a insisté cette semaine, ce n’est pas une seconde vague de coronavirus : les Etats-Unis ne sont toujours pas sortis de la première, qui se propage surtout au sud. Le pays dans son ensemble est revenu aux niveaux de fin avril avec un record de plus de 37.000 nouvelles infections, jeudi. « Avec le temps, ces gens vont commencer à être hospitalisés, et ils vont commencer à mourir », a averti l’épidémiologiste d’Harvard William Hanage. « Cela prendra peut-être quelques semaines ou plus, mais cela arrivera
Une première vague qui n’en finit pas
Contrairement à l’Europe, les États-Unis ne sont jamais complètement redescendus de leur « pic » : la première vague, commencée avec un peu de retard par rapport à l’Europe, n’en finit pas. Le pays est toujours le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec près de 122.000 décès pour 2,4 millions de cas. Par comparaison, l’Union européenne, après avoir connu un pic proche de celui des Etats-Unis, enregistre aujourd’hui de l’ordre de 4.000 nouveaux cas par jour. D’après le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, entre 5 et 8% de la population américaine a été contaminée.
Une fin de première vague qui pourrait être même pire selon le docteur Julien Cavanagh, neurologue et chef des internes de la Stade University of New York, qui anticipe au micro d’Europe 1 une « saturation du système de santé dans un certain nombre d’endroits ruraux ». Il pointe également que ces régions connaissent des « taux d’obésité, d’hypertension et de diabète élevés, rendant le Covid-19 encore plus grave ».
La situation est particulièrement inquiétante dans les trois Etats les plus peuplés (Californie, Texas, Floride), où vivent près d’un tiers des Américains. Face à ce qu’il a qualifié de « flambée massive » du Covid-19, le gouverneur du Texas, qui avait été l’un des premiers Etats à rouvrir, a annoncé, jeudi, une « pause » du déconfinement.
Les hôpitaux près de la saturation à Houston
« Cette pause temporaire va aider notre Etat à contenir la propagation jusqu’à ce que nous puissions entrer dans la nouvelle phase de réouverture pour les commerces », a indiqué Greg Abbott dans un communiqué. Le républicain a également demandé aux habitants de respecter la distanciation sociale et, après avoir longtemps tergiversé sur ce point, de porter des masques. « La dernière chose que nous voulons est de retourner en arrière et de fermer les commerces ».
Les opérations chirurgicales « non-essentielles » seront, elles, suspendues à partir de vendredi pour soulager le système hospitalier. A Houston, le principal complexe hospitalier de la ville approche de la saturation, avec 97 % des lits occupés en soins intensifs. Avec près de 30.000 cas de Covid, la région est sur une trajectoire similaire à celle de la Lombardie ou de New York au printemps. Houston n’est pas le seul point chaud. En Arizona, à Phoenix, les cas quotidiens ont été multipliés par 10 depuis début mai. En Floride, ils ont quintuplé.
La Californie, surtout du Sud, connaît également un pic : le comté de Los Angeles détient le record du pays avec 90.000 cas depuis le début de la pandémie. Les hospitalisations sont également à des niveaux record – mais encore loin de la saturation. Le gouverneur californien, Gavin Newsom, a dénoncé un « relâchement » de la population. Pour l’instant, un retour au confinement global n’est pas prévu mais certains comtés pourraient y être contraints. La réouverture de Disneyland, fixée au 17 juillet, a d’ailleurs été repoussée.
Une hausse « à cause de nos super tests », selon Trump
Alors que tous les experts sonnent l’alarme, Donald Trump, lui, reste persuadé que les chiffres actuels sont dus à la hausse des dépistages : « Le nombre de cas du VirusChinois augmente à cause de nos super tests, alors que le nombre de morts est en nette baisse. Les médias des Fake News refusent de vous le dire », affirme-t-il sur Twitter. S’il est vrai que la capacité de tests a presque doublé en deux mois aux Etats-Unis, les contaminations progressent à un rythme deux ou trois fois supérieur en Floride, au Texas et en Arizona.
Les décès continuent de baisser, de plus de 1.000 par jour en moyenne le mois dernier, à 600 cette semaine. Mais il y a en général un décalage de plusieurs semaines entre une hausse des cas et des décès. Le modèle des autorités sanitaires américaines (CDC) a d’ailleurs revu ses chiffres à la hausse, prévoyant un total de 150.000 morts d’ici la mi-juillet, soit 32.000 de plus en 21 jours. Anthony Fauci a averti les élus, mardi: les deux prochaines semaines vont être «critiques»