Les efforts de Katherine Sheppard en faveur du suffrage féminin aboutirent à ce que la Nouvelles-Zélande devienne, en 1893, le premier pays au monde à accorder le droit de vote aux femmes.

Katherine Wilson Sheppard est née Catherine Wilson Malcolm à Liverpool, probablement le 10 mars 1847. Ses parents sont écossais, Jemima Crawford Scouter et Andrew Wilson Malcolm. Elle est appelée Catherine en hommage à sa grand-mère, mais elle préférait qu’on écrive son prénom avec un k.
Kate passe sa jeune enfance entre Londres, Nairn en Ecosse et Dublin. Elle reçoit une bonne éducation, ce qui se ressentira dans ses écrits, qui refléteront une richesse intellectuelle et de vastes connaissances notamment en sciences, en arts et en droit. Son oncle, qui est un représentant de l’église libre d’Ecosse, l’influence et lui impose une éducation religieuse stricte. Ce n’est pas un problème pour Katherine qui adhère aux principes de sa religion avec vigueur.
En 1869, plusieurs années après la mort de son père, Katherine Wilson et ses frères et soeurs émigrent avec leur mère en Nouvelle-Zélande. La famille s’installe à Christchurch, où vit déjà une des soeurs de Katherine. A l’âge de 24 ans, elle épouse un épicier, Walter Allen Sheppard, avec qui elle a un fils unique, Douglas, né en 1880. Au début de son mariage, Katherine Sheppard est une membre active de l’église congrégationaliste de la trinité ou elle donne son temps pour rendre visite à des personnes dans le besoin, donne des cours de Bible et collecte des fonds. Elle devient secrétaire de l’association des femmes de l’église et s’investit beaucoup dans son travail.

En 1885, une évangéliste déléguée par la Woman’s Christian Temperance Union, la première organisation féminine états-unienne consacrée à la réforme sociale, commence sa mission en Nouvelle-Zélande. Sheppard devient membre fondatrice de la branche néo-zélandaise. La Ligue de tempérance réalise rapidement que pour que des réformes législatives et sociales en faveurs du bien-être des femmes et des enfants puissent être mises en place, le vote des femmes est primordial. La lutte pour le suffrage féminin devient alors le combat principal de Katherine. En 1887, la Ligue se subdivise en départements. Sheppard est chargée de la campagne pour le suffrage féminin. Elle devient responsable pour la coordination des ligues locales, elle prépare et distribue des brochures, écrit des lettres à la presse et donne des débats. C’est une infatigable travailleuse et oratrice accomplie et ses écrits sont clairs et logiques. Animée par des principes humanitaires et un très grand sens de la justice, elle dit notamment : « Tout ce qui sépare, que ce soit la race, la classe ou le sexe, est inhumain et devrait être surpassé ».

Elle participe à l’introduction du premier projet de loi pour le suffrage féminin en 1887 et l’année suivante publie une brochure intitulée Ten reasons why the women of New-Zealand should vote. La Ligue de tempérance présente une pétition en faveur du suffrage féminin au parlement en 1891, soutenue par trois ministres dont le premier ministre, John Ballance. Kate Sheppard s’implique fortement dans l’écriture et le soutien de cette pétition qui malheureusement ne porte pas ses fruits. L’année suivante, une seconde pétition, réunissant 20 000 signatures – pour une population de 700 000 âmes – est présentée, en vain. Et encore une autre, qu’elle décrit comme « un monstre de pétition » puisqu’elle contient 30 000 signatures, en 1893. Pour gérer la masse de feuilles de signature qui arrivent dans son bureau, elle les colle l’une à l’autre et les roule autour d’une manche de balai. C’est cette année là, le 19 septembre, que le gouverneur David Boylesigne la proposition de loi et fait de la Nouvelle-Zélande le premier pays du monde qui accorde aux femmes le droit de vote, et bien avant son indépendance de l’Empire britannique en 1947.
Kate Sheppard est alors reconnue comme étant la leader du mouvement pour le droit de vote des femmes. Elle n’a pas le temps de se reposer puisque les élections se tiennent seulement 10 semaines après le vote de la loi. Avec la Ligue de tempérance, elle va encourager les femmes à s’enregistrer comme électrices. Malgré le délai très court, presque deux-tiers des femmes votent cette année là.
Une fois cette lutte acquise, elle retourne en Angleterre ou elle rencontre les suffragistes anglaises et donne des discours. De retour en Nouvelle-Zélande, elle est élue présidente du tout nouveau Conseil national des femmes de Nouvelle Zélande qui aura une influence considérable sur l’opinion publique. Maintenant que les femmes peuvent voter, le vrai combat pour l’égalité ne fait que commencer. Sheppard se bat pour l’égalité au sein du mariage et le droit pour les femmes de siéger au Parlement. Plus tard, elle s’investira dans la production du journal de la Ligue, The White Ribbon, seul journal édité, possédé et géré par des femmes en Nouvelles-Zélande et publiant des articles qui traitent des droits des femmes. Katherine défend de nombreuses idées liées à l’amélioration de la situation des femmes, notamment l’établissement d’une indépendance légale et économique des femmes sur les hommes, mais aussi l’accès à la contraception, le droit de divorcer, l’abolition des corsets, les bienfaits du vélo et des activités physique pour les femmes.

En 1903, elle se retire de sa position au Conseil national des femmes à cause de problèmes de santé et elle déménage, avec son mari tout juste pensionné, en Angleterre dans le but de prendre sa retraite également. Elle s’arrête brièvement aux Etats-Unis et au Canada ou elle rencontre la suffragiste américaine Carrie Chapman. À Londres, elle est active pour la promotion du suffrage féminin, mais sa santé défectueuse la force à arrêter son travail.
En 1904, elle rentre en Nouvelle-Zélande et continue d’écrire, même si elle ne participe plus activement aux cercles politiques. Sa santé se stabilise, et même si elle reste faible et ne récupèrera plus jamais une forme suffisante, elle continue d’influencer le mouvement pour les droits des femmes néo-zélandaises. En 1916, elle réussi, avec d’autres suffragistes à revitaliser le Conseil national des femmes qui s’était peu à peu affaibli.

Son fils meurt en 1910 et son mari en 1915 en Angleterre. En 1925, elle épouse un vieil ami, William Sidney Lovell-Smith. Il décède seulement 4 années plus tard. Katherine Sheppard, quant à elle, décède en juillet 1934. Un billet de 10 dollars néo-zélandaise porte son image et en 1993, année du centenaire du passage de la loi pour le suffrage féminin, un mémorial lui a été dédié à Christchurch.
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