
La contamination du président Trump, son hospitalisation, la manière scandaleusement partiale dont les médias, pour la plupart, couvrent l’actualité des Etats-Unis, ont occulté quelques nouvelles économiques importantes.
D’abord, les chiffres de l’emploi. L’économie américaine a créé 877 000 emplois nouveaux (en septembre) et le taux de chômage a baissé de 8.4 % à 7.9 % (fin septembre) ce qui constitue une assez forte réduction dans le contexte de l’ouverture (après confinement) de plusieurs Etats. On le voit dans les différences de taux de chômage qui vont du simple au double : Phoenix (5,9%) et Dallas (6,3%) contre Los Angeles (15%), New York City (13 %) ou Chicago (11,7%).
Le taux de chômage a baissé dans 41 Etats et les salaires ont augmenté dans 40. À souligner aussi le rebond impressionnant de l’indice de confiance des consommateurs, un record depuis 17 ans !
EMPLOI TOTAL EN 2019
Ces hausses suivent celle d’octobre qui avait vu la création de 128 000 emplois non-agricoles dépassant l’estimation de 75 000 selon les économistes interrogés par Dow Jones. Il y a eu également de notables révisions des chiffres passés : les soi-disant 168 000 emplois supplémentaires d’août ont finalement été révisés à 219 000, tandis que les 136 000 emplois créés en septembre étaient finalement au nombre de 180 000 (rapport BLS d’octobre) puis de 193 000 (rapport BLS de novembre) !
De mois en mois, les chiffres sont arrivés au-dessus des prévisions et les chiffres passés ont été révisés à la hausse. Naturellement, il ne faut pas compter sur les grands médias pour faire un addendum comme je le fais ici : ils préfèrent parler de la troisième guerre mondiale avec des tons ampoulés tragi-comiques.
Mais, voilà, ces créations d’emplois – en hausse ! – et ces taux de chômage records – en baisse ! –, finissent par se voir : plus de 2,1 millions d’emplois ont été créés en 2019.

Même si les créations d’emplois ont été moins importantes qu’au mois d’août (1.5 millions), la reprise économique est considérée comme forte et devrait le rester à condition que le pays ne reste plus confiné et continue à s’ouvrir complètement. Le chômage serait probablement encore plus bas si plusieurs Etats démocrates ne maintenaient pas leur économie fermée, telle la Californie où le parc Disneyland vient d’annoncer le licenciements de 28 000 employés, alors que le parc de Floride, lui, fonctionne normalement. Rappelons qu’en France, depuis les années 1990, un taux à 7.9 % est considéré comme pratiquement un succès !
D’autres statistiques auraient dû (aussi) attirer l’attention des journalistes et des observateurs. La Réserve fédérale a publié lundi son enquête sur les revenus des consommateurs, enquête qu’elle publie tous les trois ans. Elle donne un aperçu de la dette, du revenu et de la richesse des ménages américains dans tous les groupes démographiques. Principales informations : les revenus réels médians ont augmenté de 5% de 2016 à 2019. Entre 2016 et 2019, ceux des ménages blancs, riches et diplômés d’université ont connu une croissance relativement moindre que ceux des autres groupes. La Fed observe que « plus généralement, les écarts de revenus entre les familles titulaires d’un diplôme universitaire et celles qui n’en ont pas ont diminué ». Le revenu médian réel a augmenté de 9% pour les Américains qui n’ont pas terminé leurs études secondaires et de 6,3% pour ceux qui ont un diplôme d’études secondaires. Il a diminué de 2,3% pour ceux qui ont un diplôme d’études supérieures.
La Fed souligne également une richesse croissante chez les Américains à faible revenu. La valeur nette (actifs moins dette) a augmenté de 32,5% dans le quintile de revenu le plus bas et de 30,7% dans le deuxième plus bas, tout en diminuant légèrement dans le quintile supérieur.
La hausse des revenus a rendu l’accession à la propriété plus abordable. Dans l’ensemble, l’achat de logements a diminué pendant la présidence Obama malgré des taux d’intérêt proches de zéro, mais il a augmenté de 1,4 point de pourcentage de 2016 à 2019, y compris chez les Hispaniques (1,8 point) et les Noirs (2,3 points). La croissance économique et le boom des entreprises ont contribué aussi à l’augmentation des participations dans les entreprises, en particulier chez les Noirs (+ 138%), les Hispaniques (+ 63%) et les Américains sans diplôme d’études secondaires (+ 104%).
Selon l’enquête de la FED et contrairement aux clichés, l’économie américaine de 2016 à 2019 (avant la pandémie) n’a pas du tout profité aux riches mais aux ménages américains modestes et moyens, ce qui a contribué à la réduction des écarts de richesses.
ÉCONOMIE
Parce qu’il existe une forte corrélation entre les créations d’emplois et la croissance, tous ces chiffres de l’emploi correspondent probablement à une forte croissance économique d’au moins 2,0 % l’an, probablement un peu plus, au quatrième trimestre 2019.
Contrairement aux experts de la presse française de gauche, j’ai du mal à entrevoir une récession en 2020 aux États-Unis ; peut-être que je n’ai pas ce recul salutaire dont bénéficient à l’évidence les non-économistes français de la presse subventionnée ?
Le niveau de la croissance des quatre derniers trimestres est en général un très bon prédicteur de la croissance des deux ou trois trimestres à venir : or les États-Unis sont en solide croissance sur les 12 derniers mois ce qui abaisse drastiquement la probabilité d’entrer en récession avant la fin de 2020. Les professionnels de marché comme la Réserve fédérale ou le Fonds monétaire international prévoient tous au moins 1,9 % de croissance réelle.
Ceci est considérable car cela représente environ 860 milliards de dollars additionnels pour l’économie : en d’autres termes, sur le premier mandat du président Trump, n’en déplaise à la presse française sus-citée, l’économie américaine aura crû en termes réels de près des deux tiers de la taille de l’économie française !
SAVOIR CHANGER DE POLITIQUE
La recette n’est pas très compliquée et a finalement consisté à avoir une politique monétaire non-inflationniste (pour le moment !) accompagnée de la plus forte baisse d’impôts sur les sociétés de l’histoire des États-Unis combinée à une forte réduction de la réglementation
L’économie, qui a connu la plus longue période expansionniste de son histoire, vole de records en records :
- les marchés d’actions ont battu 100 records depuis novembre 2016. Le NASDAQ, le Dow Jones et le S&P 500 sont proches de leurs maximums historiques. De ce fait, les plans d’épargne retraite des Américains sont en forte hausse. L’immobilier se redresse lentement. Du coup, l’épargne nette des ménages se reconstitue.
- la production industrielle est au plus hautmême si elle a ralenti sa croissance et les entreprises industrielles du S&P 500 qui étaient au centre des inquiétudes concernant l’impact de la guerre commerciale américaine avec la Chine vont connaître une embellie après l’espèce de pré-accord commercial entre les deux pays, il y a une quinzaine de jours. Ceci est particulièrement vrai pour les semi-conducteurs. Si le Président Trump pouvait arrêter ses guerres commerciales en 2020, la croissance serait très forte.
- la construction se remet de ses émotions de 2009 et les maisons individuelles se multiplientdans un contexte de prix plus raisonnables. Il reste encore une longue marge avant d’atteindre la tendance 1960-2000 de 1,1 million de maisons nouvelles par mois.
- enfin, la politique énergétique a pris un tournant à 180 degrés et, en septembre dernier, les États-Unis ont solidifié leur statut de producteur d’énergie en affichant le premier mois complet en tant qu’exportateur net de produits bruts et pétroliers depuis le début des statistiques gouvernementales en 1949 ! Chaque jour, le pays a exporté 89 000 barils de plus qu’il n’a importé selon les données du Department of Energy. Les États-Unis sont maintenant le plus gros producteur mondial de pétrole surpassant la Russie et l’Arabie Saoudite. En 2019, le Texas a produit plus de pétrole que l’Iraq ou que l’Iran.
Fait amusant pour tous ceux qui s’offusquent du retrait des États-Unis de la COP 21 : ces records de production américains s’accompagnent d’une baisse – oui, d’une baisse ! – des émissions américaines de CO2. La croissance économique pousse les entreprises à innover et leur donne les marges de manœuvre pour ce faire. Les producteurs d’électricité sont sous pression pour baisser les prix. Ils abandonnent le charbon – allo, madame Merkel ? – pour le gaz naturel et le nucléaire. Et donc l’horrible homme orange à la Maison blanche est… Ah, non. Mince ! Zut alors, Diaz ! Caramba ! Encore raté !
OU CHANGER DE LOGICIEL
Si la politique américaine de l’emploi est le fruit d’un changement de cap évident, il suffirait vraisemblablement de suivre la même politique en France pour obtenir à peu près les mêmes résultats. Un des canards que l’on entend le plus souvent en France à propos des politiques de l’emploi serait qu’« on a tout essayé ». Tout ? Oui. Sûr. Sauf les baisses drastiques des impôts sur les sociétés et sur les particuliers, la dérèglementation et l’adoption du Code du travail de la Suisse…
Alors incontestablement, l’État français fait d’énormes efforts.
Dans son budget 2020, il supprime même 47 000 postes de fonctionnaires cette année. Ah, non, pardon ! My bad ! 47 ! 47 postes de fonctionnaires d’État cette année ! Plus que 234 siècles pour revenir au niveau de l’Allemagne en nombre de fonctionnaires par habitant. Bon, il faut bien commencer quelque part, hein ? De toute façon, ce n’est pas comme si la France avait fait la plus grosse levée de dette de son histoire, le 5 octobre 2019, dans un contexte de pourrissement des finances publiques conduisant à un besoin de financement de l’État français de 237 milliards d’euros en 2019.
Et puis, des emplois, on en a déjà bien assez en France. D’ailleurs, on en a tellement qu’Hélène Burgat, professeur des écoles à l’Éducation nationale et aussi maire de Mondeville dans le Calvados, – bourgade qui n’a que 15 % de chômage ! et 12 % de pauvreté ! – peut se permettre de torpiller l’implantation de 150 emplois dans sa commune !
Bon, c’étaient des emplois de l’affreux Amazon. Comme elle dit : «les conditions de travail et des techniques managériales imposées à une main-d’œuvre précaire peu qualifiée seraient particulièrement pénibles». Ça ne valait pas le coup ! Restons au chômage ! «C’est l’État qui paie !»