Des protocoles cliniques vont être lancés afin d’approfondir la piste des anticorps monoclonaux comme traitement contre le Covid-19.
Ces anticorps sont dits de synthèse, c’est-à-dire qu’ils sont fabriqués en laboratoire et injectés en intraveineuse. Ils imitent le fonctionnement du système immunitaire après l’infection au Covid-19 et sont censés l’épauler pour annuler le pouvoir de nuisance du virus. Comment ? En neutralisant la pointe du virus qui lui permet de s’attacher aux cellules humaines et de les pénétrer. Lorsque l’on est infecté par le virus, on développe environ 5.000 types d’anticorps, produits par nos lymphocytes essentiellement. L’idée de ce traitement est d’aller chercher les anticorps neutralisants les plus performants, de les produire en laboratoire . Ce sont donc bien des anticorps artificiels – et de stimuler, par une injection, une immunité dite passive

On entend de plus en plus parler d’anticorps monoclonaux : ce traitement imite la réaction du système immunitaire après la contamination, en allant bloquer la pointe du virus qui lui permet de s’attacher aux cellules humaines et de les pénétrer. Il existe déjà dans le traitement des bronchiolites chez le nouveau-né par exemple.
Cette solution est injectée en intraveineux au patient « à l’hôpital, dans un cadre médical. Dans le contexte du Covid-19, ces traitements doivent être administrés en début de la maladie pour être efficaces et éviter que les patients à risque ne basculent en réanimation », explique Manuel Rosa-Calatrava, directeur de recherche à l’Inserm et codirecteur du laboratoire VirPath au sein du centre international de recherche en infectiologie à Lyon. L’Allemagne va d’ailleurs devenir le premier pays de l’Union européenne à utiliser dès la semaine prochaine ce traitement expérimental administré à Donald Trump.
« Ce sont des choses qui sont assez chères niveau production. Je ne crois pas aujourd’hui que des thérapies basées sur anticorps monoclonaux deviennent des thérapies de masse », fait remarquer Etienne Decroly. Pour preuve, le gouvernement allemand a acheté 200.000 doses de ce traitement pour 400 millions d’euros, ce qui représente… 2.000 euros par dose. Discovery va poursuivre ses essais sur cette solution.
Autre espoir : le Tocilizumab, immunosuppresseur, utilisé contre la polyarthrite rhumatoïde, qui donne pour l’instant des résultats contrastés. Les chercheurs s’intéressent aussi au plasma (la partie liquide du sang) prélevé sur des personnes rétablies, transféré à des malades du Covid-19, qui pourraient bénéficier de leurs anticorps. Cette solution est en cours de test dans le cadre de l’essai Recovery. Quant aux projets de recherche de l’Institut Pasteur, après l’annonce d’une piste prometteuse en septembre 2020, ceux-ci sont « encore au stade pré-clinique », a indiqué la fondation privée à 20 Minutes.
Enfin, il reste les médicaments… en cours de développement. Ces molécules chimiques n’ont pas encore de nom et leur développement pourrait prendre du temps. « Il faut en général une dizaine d’années pour les développer », indique Etienne Decroly, qui rappelle que « la recherche, ce n’est pas Twitter, c’est un temps long. »
Molécules « repositionnées », anticorps ou régulation de l’immunité… Si les scientifiques mettent autant d’énergie à chercher une solution médicamenteuse, c’est pour compléter leur arsenal vaccinal. « Tous les autres traitements sont très utiles quand une personne ne répond pas suffisamment au vaccin, ou quand il y a une défiance vis-à-vis de vaccination », assure Manuel Rosa-Calatrava. « Il faut des solutions thérapeutiques en complément. Mais, par définition, la pierre angulaire contre les maladies infectieuses, c’est la vaccination. »