“L’obscurité ne chasse pas l’obscurité, seule la lumière peut le faire.”

Tel Aviv le 24 Mai 2023

Les souvenirs servent-ils prioritairement à baliser le temps et à borner le présent? Ou carrément à être jetés au vent …

La thématique de l’amnésie et de l’oubli trouve souvent refuge dans la fuite du temps et la disparition inéluctable de toutes choses, notamment de la mémoire du passé. Ayant grandi dans une société qui a délibérément choisi d’être amnésique et face à ses carences, j’affirmerai continuellement la nécessité de la mémoire. L’oubli serait de ma part une injustice absolue…

Depuis de nombreuses années, pris de passion pour la généalogie, je me suis mis à la recherche de mes racines. Chargée d’histoire et d’histoires cette reviviscence familiale donne de l’épaisseur à mes souvenirs et suscite en moi un réel bonheur . — Maman aurait été heureuse que j’accomplisse ces recherches en Son temps —

Convaincu que seul l’ancrage du passé paraît solide, je me suis par ce fait focalisé sur ce qui fut plutôt que sur ce qui est. La tâche fut certes colossale mais je n’ai pas voulu perdre une seule miette de cette réminiscence ancestrale qui, au travers des actes et des photos qui l’accompagnent, me fait l’honneur de converser avec moi.

Quand le mal et le bien “ s’entre-mêlent ”….

L’obscurité

Cette immersion m’a plongé dans une aventure passionnante. Toutefois les confrontations avec un passé obscur et particulièrement les persécutions à répétition et leur florilège de mesures perfides (humiliations en public, rouelle cousue sur le vêtement, ghettoïsation, bûchers ou pogroms) qui suintent en sourdine et nourrissent depuis des siècles le terreau haineux de l’antisémitisme ont sérieusement agité mon esprit, ébranlé les fondements de ma conscience. Jusqu’à me signifier qu’on tuait au nom de Dieu ou de ses contrefaçons…

Les atrocités durant ces temps dits modernes féconds en crimes collectifs et massacres en tous genres qui ont gravité autour du trou noir de la Shoah ont remis en mémoire tout ce que je tentais jusqu’alors de gommer. Je n’arrivais pas à m’extraire tout à fait des images, des lectures obsédantes de cette ère d’atrocités et par les évocations attachées à ces innombrables objets, orphelins, qui n’ont pas, eux, la capacité de se souvenir. En même temps ces images-preuves dissimulées, hantées par la peur de la réfutation m’ont procuré un matériau solide. Je suis cependant stupéfait qu’une génération toute entière a pu effacer avec une telle « perfection » la Shoah de son esprit, l’anesthésier jusqu’à en banaliser la dimension immémoriale. — À croire que l’ambition nazie de tout réduire en cendres pour ne laisser aucune traces a fabriqué de l’absence — Il suffit de penser à la frénésie avec laquelle on entreprit aussitôt de faire disparaître les décombres et à la conspiration du silence qui a perduré dans les universités allemandes jusqu’à la fin des années 1960. Les professeurs à cette époque que je qualifierais de « vieux fascistes dissimulateurs » avaient tous obtenu leurs titres entre les années 1930 et 1940. Après guerre ils étaient sourds, aveugles et muets, enfermés dans leurs ruines comme dans une forteresse d’ignorance voulue, capables encore de haine et de mépris, prisonniers encore des vieilles entraves de la présomption et de la faute. Et s’il vous venait à l’esprit de regarder, comme je l’ai fait par la suite, quel était leur sujet de thèse, vous auriez les cheveux qui se dressent sur la tête.

ces spectres humains décharnés qui n’ont plus rien d’humain mais un tant soit peu de vie de force et de souffle pour se lever et supplier d’une voix éteinte « je veux encore vivre ».

La morsure de la Shoah me meurtri au plus profond. Elle me poursuit jusque dans mes rêves et me projette à sa guise dans l’enfer irrespirable des camps, des abominations, comme cette ombre à laquelle je n’ai jamais pu me soustraire tout à fait qui voile le regard de ces êtres surgis de leurs cendres. Ces spectres humains décharnés qui n’ont plus rien d’humain mais un tant soit peu de vie de force et de souffle pour se lever et supplier du fond de leur âme « je veux encore vivre ». Devant leurs implorations j’ai envie de ressusciter ces morts pour faire entendre leur voix que l’on a fait taire à desseins. Envie d’allumer sur leur visage la lumière qui a peut-être été éteinte pour atténuer l’expression de leur souffrance.

Après Shoah ( voire en annexe ) avais-je encore le droit de vous perturber davantage ? j’avais pourtant décidé de ranger ma plume au fond du tiroir. Oublier cette parenthèse et ses égarements les plus pervers qui s’est refermée de façon brutale. Il existe des vérités que l’on communique par l’écrit et d’autres, plus intestines, que l’on ne peut seulement transmettre que par le silence. Par ce fait et pour ne pas tomber massivement dans la mélancolie, on a failli enfermer ce génocide dans un silence collectif alors qu’il représentait plus qu’une vérité historique, le symbole même de l’horreur des temps modernes: la “verrue de l’histoire”. En le taisant, c’était ne pas saisir le fonctionnement du mythe et les héritages idéologiques de ce lynchage sans fin. En fouillant dans ce passé “passé sous silence” et même si les images qui ont en elles-mêmes une grande force de dissuasion, j’ai compris que face la falsification de l’histoire entreprise par les nationaux-socialistes, la vérité est établie qu’au moment où l’on l’écrit, la raconte, à plus forte raison si elle s’arme d’un arsenal qui résiste à toutes les épreuves, pour se prémunir et pour lutter plus efficacement contre le mal absolu. D’ailleurs plusieurs journaux intimes comptent parmi les textes emblématiques de la Shoah, celui d’Anne Frank par exemple ou, plus récemment, ceux d’Etty Hillesum et Victor Klemperer. Ces textes sont considérés comme des témoignages de première catégorie et c’est souvent à ce titre que leurs auteurs les ont conçus.

Bien que ma famille, à part un grand oncle du côté de mon père, a pour l’essentiel été épargnée, revenir sur ces épisodes malheureux m’a appris que ce ne sont pas toujours les circonstances auxquelles nous avons été directement mêlés qui nous affectent le plus. C’est pourquoi j’ai le sentiment que ces cadavres emmurés dans le néant, perdus dans le noir hideux de l’inhumanité et dans l’amnésie générale comme si rien de mal ne s’était jamais produit nulle part, font partie de ma vie.

https://share.icloud.com/photos/0c9WfTt7zT_MtuCFVA7MfgHRw

De ce cortège des figures familières se dégagent et forment une nouvelle chaîne. Elles s’avancent jusqu’à moi, déposent tour à tour un souffle chaud entre mes mains et m’invitent à animer cette flamme et à continuer à entretenir le fil.

La Lumière

Je ne voulais pas d’une vie parfaite, je recherchais plutôt une vie heureuse. Dieu merci je mesure ma chance, non sans avoir cependant remarqué que le mois de Mai n’est pas un mois ordinaire.

Le 7 Mai 1945 — capitulation de l’Allemagne nazie

Le 14 Mai 1948 — l’année de ma naissance — l’état d’Israël a vu le jour 🇮🇱

https://youtu.be/rC25IVpa0z4

Ma petite fille Salomé, première de cordée, âgée de 12 ans, avec laquelle je suis si heureux de pouvoir partager cette première grande étape de la vie, confirme son élévation religieuse ce lundi 29 Mai: précisément le jour anniversaire de mon aîné.

La plus extraordinaire créature que cette terre a enfantée m’a pris la main un 24 mai et ne l’a jamais lâchée. C’est une femme aimante, d’une rare générosité, véhémente et fougueuse. Elle l’a toujours été, elle en a du mérite car la vie en ses débuts ne l’a pas gâtée. J’ai de la chance qu’elle soit la mère de mes enfants.

Devenir père demeurera la plus exaltante aventure que j’ai pu vivre. Mes enfants sont ma richesse, un trésor précieux ce dont je peux être le plus fier. ils débordent de prévenance, se soucient pour moi et me comblent d’une attention que je n’ai pas forcément mérité. J’inclus leurs épouses, obligeantes, attentionnées, rares, lesquelles j’aime beaucoup et qui me le rendent au-delà de mon attente. Je reconnais avoir longtemps majoré l’intelligence chez un individu. À leur contact j’ai appris que l’humilité, l’humanité et la bienveillance lui sont autrement préférables. Enfin et surtout, il me faut associer mes petits enfants que je chéris en espérant qu’ils deviennent à leur tour, comme leurs parents, des gens «bien».

C’est délicieux d’être grand-parent: On a l’avantage de partager des moments de tendresse, les jeux, les cadeaux, prendre le temps de les écouter sans autre obligation que d’être là

Je suis aujourd’hui grand-père de dix petits-enfants qui font ma joie. Je suis câlin, c’est tant mieux ils le sont aussi. C’est délicieux d’être grand-parent: On a l’avantage de partager des moments de tendresse, les jeux, les cadeaux, prendre le temps de les écouter sans autre obligation que d’être là, et on abandonne aux parents l’école, les nuits difficiles, les tracas quotidiens, la grippe et la gastro.

Je ne suis pas assez jeune c’est mon seul regret. Quand Léa, la petite dernière aura à son tour douze ans, j’en aurai quatre-vingt-cinq; c’est un peu tard pour la complicité. Néanmoins je me sens heureux, serein et détendu plus que je ne l’ai jamais été. J’aime la vie car elle a été douce pour moi et généreuse en bienfaits.

Maman née un 24 Mai (tiens…) était le personnage central de notre enfance. Notre cheville ouvrière, souvent excessive mais toujours résolue dirigeait en véritable chef d’orchestre cette multitude d’instruments aux cordes parfois dissonantes et rectifiait s’il le fallait les tonalités discordantes. En nous privant, si j’ose dire, de la phase de l’égoïsme de la petite enfance, elle a su donné le change pour qu’on la perçoive comme volontaire et autoritaire. Ceci m’oblige à dire qu’elle avait cette délicatesse de ne pas nous juger en public tout en étant fière auprès des autres, auxquels elle faisait notre éloge quand nous n’étions pas présents, suscitant plus d’intérêt à nos yeux, que celles que le sort avait mieux nanties.

Pour Maman, seule comptait la cellule nucléaire familiale la plus hermétique possible. L’anecdote vaut le détour et me paraît aujourd’hui encore improbable: Bien que nous appréciâmes le confort d’une ouate protectrice, notre mère nous a gardés sous cloche aussi longtemps que nous n’étions pas mariés, prétextant que vivre notre célibat hors du cocon familial serait mal perçu. Elle nous a ainsi transmis le besoin de nous rassembler afin, disait-elle, de mettre à notre portée les armes nécessaires pour lutter dans la vie. De ce fait elle avait, à contre courant de parents plus conventionnels, fait le choix de nous éduquer plutôt que de nous instruire en nous racontant des histoires non pas pour nous endormir mais nous tenir éveillés et veillait de cette manière à ce que notre ego ne soit jamais piétiné.

Son sourire stellaire illuminait chaque jour de notre existence, même ceux qui étaient gris.

Dans cette grappe de merveilleux souvenirs scintillent dans ma tête ces instants de bien-être, de partage et surtout Le sourire stellaire de Maman qui illuminait chaque jour de notre existence, même ceux qui étaient gris. Pourtant sa vie n’a pas toujours été un fleuve tranquille. Maman fut veuve trop jeune et cette existence monotone lui pesait. Dommage pour cette femme qui aimait les voyages et les gens, sociable à souhait comme en témoigne son côté solaire. De plus les années de dur labeur et les épreuves qui l’ont écorchée ont eu raison de sa forte personnalité et de sa détermination, mais elle ne laissait étonnamment paraître aucun ressentiment, aucune forme de désespérance, aucune lassitude, aucune tristesse, affirmant même sans retenue ses sentiments elle donnait à chacun d’entre nous l’impression d’être la personne la plus importante à ses yeux. D’ailleurs je fus interloqué quand pour la première fois le l’ai surprise à pleurer.

Les larmes de maman ressemblaient à des perles fines qui roulaient doucement sur ses joues parcheminées. Il y eut, bien heureusement de grands bonheurs dans sa vie, notamment quand nous naquirent, et certainement les larmes de joie qui s’en suivirent. Mais celles auxquelles je pense le plus souvent c’est à ces larmes de tendresse que l’on voit briller au coin de l’œil et que l’on écrase discrètement, pour conserver une façade plus équilibrée, moins émotive mais néanmoins vulnérable. Il y eut probablement des larmes plus amères, du manque, de la solitude, de la tristesse, de la perte précipitée et douloureuse de notre père. Il y aurait pu avoir des larmes de colère lorsque je n’ai pas ressenti alors qu’elle était usée, ses signes de désolation. Sans doute aussi des larmes causées par le manque de discernement de ma part, alors non conscient des pensées qui assombrissaient son existence. Étrange que je ne prenais pas ces larmes de détresse au sérieux.

Même si face aux difficultés nous réagissons en fonction de nos possibilités pour nous construire, je dois toutefois révéler que nous sommes tous des égoïstes ! Certes nous avons notre vie, nous avons nos réussites, nous avons nos échecs et ne faisons aucun cas des vivants, mais dès qu’ils disparaissent ils prennent tout à coup une importance hors du commun. Sans me complaire dans une inutile flagellation je ne prétends pas être un exemple. Je n’avais d’ailleurs jamais sérieusement pensé que je verrais ma mère disparaître un jour, du moins je ne me posais même pas la question où lorsque enfant je me le disais: c’étaient des mots vides de sens comme tant d’autres. Désintéressement ? Naïveté? Insouciance? Quoi qu’il en fût, c’est lorsqu’on rembobine qu’on est envahi de regrets.

La conscience m’est venue bien plus tard mais elle ne fut pas intuitive. — Le face-à-face avec soi-même n’est pas toujours aussi simple que l’on veut bien croire — Quand j’ai navigué là où le passé est un refuge, entre les écueils encombrants de ma mémoire j’ai réalisé les sacrifices de notre mère, son immense dévouement et ses privations. Cette Femme si aimante et si généreuse a traversé son existence avec bienveillance, humilité et don de soi. Elle s’est immolée pour nous ouvrir la voie d’une vie meilleure et nous offrir ce qu’elle n’avait jamais reçu. Comment ai-je pu jeter un voile sur cet amour absolu envers nous. Il m’a fallu être père pour mieux le comprendre et apprécier sa valeur, sa présence bienfaitrice, oser me pencher sur ses belles mains que le labeur avait rendues noueuses et osseuses pour les baiser humblement et profiter de l’un de ces moments magiques qui laissent un souvenir indélébile de communion, de douceur et de joie. L’effet est immédiat, un écrin de silence enveloppe l’esprit, les yeux n’ont plus besoin de mots pour se comprendre. Les mains se parlent mieux pour se dire que l’on s’aime.

Les mains se parlent mieux pour se dire que l’on s’aime.

Malheureusement les images s’appauvrissent et m’attarder à les renouveler est je l’avoue une discipline bienvenue. Celle-ci est la plus tendre et la plus pénible à la fois. Je l’aborde du reste avec une émotion toute religieuse: Parmi ces éclats de mémoire apparaît souvent cette scène gravée dans mon cœur où, le visage maigre et cireux, me serrant dans ses bras elle m’a balbutié à l’oreille «Vous êtes mon plus beau cadeau, mes enfants», puis dans un dernier souffle d’affection, elle a fermé Sa vie comme on ferme un livre d’images sur les mots les plus doux qui se soient jamais dits. Aujourd’hui Ma mante bienveillante n’est plus là où elle était, mais elle est partout là où je suis et je sais que dans Sa nuit, Il existe un ailleurs où l’âme est plus légère. Si le souvenir s’est quelque peu effacé, la mémoire affective a résisté au temps et cette affliction s’est transformée en une tendresse indéfectible.

On aime sa mère presque sans le savoir, car qu’y a-t-il de plus authentique, de plus attentionné qu’une maman ? Je vous le dis du droit de mon regret: Rien ! On ne s’aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu’au moment de la séparation dernière. Alors hâtez-vous, le temps passe si vite et rend les souvenirs obsolètes. Aimez-la mieux que je n’ai su aimer la mienne. Certains penseront que le fait même d’avoir eu cette intention est déjà en soi inconvenant. Ils diront peut-être aussi tout l’effet que cet orage peut provoquer dans un ciel serein. J’admets l’étrangeté de ma démarche mais mon égocentrisme est tel que je me reconnais instantanément dans tous ceux gagnés par ce sentiment de culpabilité et qui peuvent être dévastés plus tard par leur mauvaise conscience. Si vous saviez comme je voudrais la retrouver et lui dire certaines choses que je lui ai jamais dites. Ces choses que je suis en train d’écrire…

Pour protéger leur famille, Nos Mères s’érigent en tour inébranlable que nulle tempête ne fera plier et leur circonspection d’agir pour leurs enfants est à nul autre pareil. Elles ont cette capacité à s’imposer dans la mise en scène de la sphère familiale que fort heureusement les hommes ne font que suivre. Cependant elles s’astreignent retenue, décence et pudeur et traversent leur existence avec bienveillance, amour et tendresse, en prenant soin de dissimuler leurs cicatrices par des sparadraps de bisous ou de masquer leurs douleurs par un sourire. Leur amour c’est comme l’air, tellement anodin qu’on ne le remarque même plus. Jusqu’à ce qu’on en manque…

On me pardonnera je l’espère, l’emprunt détourné à un auteur célèbre « Oh ! L’amour d’une mère ! – amour que nul n’oublie ! Chacun en a sa part, et tous l’ont tout entier ! » Autrement dit : Quelle que soit sa couleur, sa race ou sa religion, une maman comme le pélican, ouvrira de son bec son ventre pour nourrir ses petits.

«L’avenir d’un enfant est l’œuvre de sa mère.»

Dès les premiers jours après la naissance, une très forte relation se noue entre la mère et l’enfant par une hormone particulière sécrétée lorsque la mère est en présence de son enfant — l’ocytocine — « l’hormone de tous les attachements » . Il suffit de s’en rappeler si il nous arrivait d’en douter.

Cette semaine nous célébrerons la fête des mères. Pour dire à celles qui nous ont donné le jour que nous continuons à vivre par elles et pour elles. Nous fêterons Ces « héroïnes » artisanes de notre quotidien, pleines de grâce et de bienveillance. Pour l’occasion je leur dédie cette magnifique interprétation

https://youtu.be/W6bBkj0nBWI

Bonne fête, Mères de courage, de bonté et de regard d’amour. Dites vous bien que de toutes les tendresses la votre est inestimable.

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J’ai su mal lui exprimer toute ma tendresse de son vivant. J’ai surtout l’impression d’être passé à côté d’elle, sans avoir vraiment su m’y prendre. Ce récit ressuscite sa délicieuse personne et rend grâce à Maman qui fut pour ses enfants un intarissable puits d’amour. Elle a tout laissé en ordre avant de partir sauf nos sentiments.

https://myhr.tg/187gMHp2

Bonne fête Maman ❤️

Je lui dois cette renaissance et la façon sereine dont j’ai pu écrire ce texte. Et puisque j’ai promis la sincérité, le restituer m’est devenu possible et son écriture libre qu’après sa disparition. J’avais en fait surtout un réel besoin de trancher ce noeud gordien. Remettre les mots sur des maux…

J’ai tenté d’être juste, pas forcément exhaustif mais sincère, espérant que ce récit animera les conversations de certains qui composeront peut-être leur propre toile.

FREDAL

Annexes

Il était une fois… » – ainsi commencent les contes qui captivent l’attention des enfants – « Il était une fois, il y a très longtemps, hors de l’espace et du temps, le Mal par excellence menaçait le Bien en soi mais ne sortait jamais vainqueur », c’est le signal qui fait tendre l’oreille aux tout-petits, c’est la formule qui éveille fées et magiciens et donne vie aux dragons. Il était une fois signifie que pour nous, adultes, allons enfin raconter cette abomination incommunicable.

https://allfreddies.com/2018/12/04/TV shoah/

Voilà quelques années, sur un parcours de Golf, j’ai eu le plaisir — si j’ose dire — de faire la connaissance de Maurice. L’idée d’écrire «Dieu est-il mort à Auschwitz» m’est venue de cette rencontre.

Le hasard a voulu que ce fut le lendemain de la commémoration de la Shoah. Je lui confiais alors qu’en voyant les différents reportages ou émissions TV qu’aucune vision de ces sombres années ne m’a marqué autant que ces wagons remplis d’enfants juifs, à la gare d’Austerlitz. Et j’ajoutais dans un soupir « qui aurait pu imaginer cet absolu de la terreur, ces enfants arrachés à leur mère. Seuls ceux qui ont connu Auschwitz peuvent savoir. Les autres ne le sauront jamais. Comprendront-ils au moins après ces diffusions ? ».

Dans un désir de mettre fin à cette discussion, Maurice m’a répondu sèchement: « Je suis l’un d’eux ! Et Dieu n’existe pas ou si il a existé, il est mort à Auschwitz , le Dieu d’amour et de consolation dont tu veux me parler, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob s’est à jamais dissipé, sous le regard de ses enfants, dans la fumée de l’holocauste ». Quelques jours plus tard j’ai su qu’il avait vu disparaître ses parents, ses deux sœurs et tous les siens, sauf son frère, dans le four crématoire d’Auschwitz

On peut aisément comprendre que Maurice comme tant d’autres rescapés de cette terrible période, refoulée par l’inconscient collectif, n’oublieront jamais ces flammes et ces corps se transformer en volutes dans la fumée de Holocauste* qui consumèrent à jamais leur Foi. Ils n’oublieront jamais ce déni par omission d’après guerre qui assassinèrent leur Dieu et leur âme. Jamais ils n’oublieront.

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* Le mot « Holocauste » d’origine grecque est le sacrifice le plus accompli défini par le Lévitique. Il ajoute à l’Ethnocide ” nazi une connotation religieuse et en fait un sacrifice absolu et collectif comme si les victimes étaient des bêtes sacrifiées en masse pour plaire à je ne sais quel dieu obscur.

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Un massacre collectif comme celui qui a été perpétré n’a jamais eu lieu dans l’histoire. Alors que ni les pharaons-Egyptiens et les babyloniens ni les missionnaires du IVe siècle et les chefs séculiers du moyen âge, pourtant désireux de vouloir se débarrasser des juifs avaient proclamé « vous ne pouvez pas vivre avec nous en tant que juifs ». Les nazis décrètent « vous ne devez plus vivre »

Il faut écrire ses mémoires avant de ne plus en avoir…

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