Mardi 03 décembre 2022
« Ce vote est une insulte que nous n’oublierons pas. »
Le ton ferme, la mine grave, l’ambassadrice des Etats-Unis Nikki Haley a défié le Conseil de sécurité de l’ONU après la condamnation de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.
Si la virulence des propos de Nikki Haley a marqué les esprits, ce n’est qu’une nouvelle démonstration de la politique offensive prônée par l’ambassadrice. Après avoir menacé la Corée du Nord de « destruction totale » au mois de novembre, elle a tenu début décembre une conférence de presse devant les débris d’un missile tiré sur l’Arabie saoudite depuis le Yémen et qui aurait été fabriqué en Iran, ce qui constituerait une violation des résolutions de l’ONU. Des accusations fermement démenties par Téhéran.
Sur la scène diplomatique internationale, Israël n’a pas beaucoup d’amis, on le sait. Et voici qu’une personnalité hors du commun, Nikki Haley, de son nom de jeune fille Nimrata Nikki Randhawa, fille d’émigrés hindous, devenue à 38 ans la première et la plus jeune gouverneur femme de Caroline du Sud, nous aime… Et comment ne pas aimer en retour cet être de qualité, « dame de fer » au parcours exceptionnel, qui dit ses vérités sans s’émouvoir, quel que soit le public devant lequel elle se trouve.

Photo by Hadas Parush/Flash90 Nikki Haley, alors ambassadrice des États-Unis à l’ONU, visite le Mur occidental, dans la vieille ville de Jérusalem, lors de sa visite en Israël, le 7 juin 2017.
« Tout ce que Joe Biden signera garantira pratiquement que l’Iran obtienne la bombe », a déclaré l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud. « Aucun accord est préférable à un mauvais accord. Et si ce président signe un quelconque accord, je vais vous faire une promesse. La prochaine présidente le mettra en pièces dès le premier jour de son mandat », a-t-elle assuré.
Interrogé sur son amour envers l’Etat hébreu, Mme Haley veut « que tout le monde aime Israël autant que je l’aime. Je veux que tout le monde voit que c’est un point positif dans un milieu assez rude. Il représente la démocratie, la liberté et tout ce qui est merveilleux ».
Evoquant les accords d’Abraham, Mme Haley estime qu’ils ont été réalisés « non pas parce que Israël a besoin de tous ces pays mais parce que ces pays arabes ont besoin d’Israël », en ajoutant que les Etats-Unis doivent continuer de soutenir l’Etat hébreu.
Étoffe d’une présidente
Nikki Haley a fait allusion lundi à une éventuelle candidature à la présidentielle de 2024, donnant un nouveau signe qu’elle pourrait être une candidate potentielle républicaine à la Maison-Blanche. Son itinéraire est impressionnant et lui donne toutes les chances d’atteindre le haut du podium : la popularité de Trump bat de l’aile, et si elle décide de poser sa candidature, elle deviendra avec Ron DeSantis, – le jeune et prometteur gouverneur de Floride -, l’étalon favori de la course à la Maison-Blanche du côté républicain. Haley, diction impeccable, habillée avec goût et élégance, choisie par Trump entre 2017 et 2018 pour être l’ambassadrice des USA à l’ONU, dénonce avec fougue devant le Conseil de Sécurité, le venimeux narratif anti-israélien et sa traînée d’hypocrisie, de mauvaise foi et de mensonges.
Les véritables données historiques du conflit israélo-palestinien, Haley les a étudiées avec minutie et rigueur, ce qui lui permet de s’attacher aux faits lorsqu’elle défend Israël : en 1947, le Plan de partage de la Palestine propose une solution basée sur deux États, avec Jérusalem sous contrôle international. La partition est acceptée par les dirigeants juifs, mais rejetée par les arabes, opposés à toute présence juive indépendante sur le territoire. Les arabes prennent les armes au lendemain de la Déclaration de l’Indépendance de l’État hébreu : à peine né, le pays est déjà en guerre. La direction arabe exhorte les habitants palestiniens à quitter le pays, pensant reconquérir le territoire en un clin d’œil pour faire revenir ces populations une fois le conflit terminé ; au lieu de choisir un statut d’hommes libres sur la terre qui leur avait été impartie, en toute souveraineté, comme on le leur proposait, le leadership arabe se fourvoie et 711 000 palestiniens se trouvent en exil, accueillis au compte goutte ou pas accueillis du tout par les pays voisins. Le problème palestinien est né.
Le narratif du « méchant envahisseur sioniste », savamment entretenu par les dirigeants arabes, entraînera une victimisation et un larmoiement sans fin des palestiniens, cautionnant des attentats meurtriers. L’Europe, adoptera elle aussi à bras ouverts cette réécriture historique où le Juif devient l’agresseur, mais pour une autre raison : celle de calmer sa conscience sur ses propres exactions contre les Juifs lors des années noires de 39-45 d’une part, et de l’autre pour maintenir des relations avec le bloc puissant des pays arabes.