Thomas Portes : l’excité du keffieh

Parti au Proche-Orient l’avant-veille du 7 octobre pour soutenir une ONG liée au Hamas, le député insoumis ne cesse d’accabler l’État hébreu depuis. Il a même mis en danger un jeune Français désigné à tort comme un soldat israélien.

La réforme des retraites sera sa rampe de lancement. «Macron croit qu’on a tourné la page ? On va lui faire ravaler son mépris et sa réforme de merde», lance-t-il sur X, violent et vulgaire.

Le grand public l’a découvert en pleine contestation de la réforme des retraites, écharpe tricolore en bandoulière, le pied sur un ballon de foot frappé de la tête d’Olivier Dussopt, alors ministre du Travail. Fraîchement élu de la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis, le député revendique la conversion robespierriste de son mentor Mélenchon. Dans un marigot LFI où chacun rivalise de surenchère pour exister, il compte parmi les plus énervés. De ses villégiatures politiques, on retient surtout des «messages inappropriés» dans le cadre de signalements pour harcèlement sexuel, et ses tweets intempestifs mettant en cause la SNCF.

Ce fils de cheminot de 39 ans, lui-même salarié du rail en disponibilité, a fait ses classes à la CGT et dans le Mouvement des jeunes communistes du Lot-et-Garonne. Volage, il sera candidat aux régionales à Agen sous l’étiquette du PCF, avant un crochet par Génération.s et un saut de puce chez les Verts, qu’il quitte au lendemain de la défaite de Sandrine Rousseau aux primaires de 2021 pour rejoindre Jean-Luc Mélenchon. À LFI, Thomas Portes se sent chez lui : outrances, esclandres, tweets débraillés assaisonnés defake news, tout est bon pour « faire peuple ».

“ANTISIONISME” OBSESSIONNEL 

Divine surprise, l’intervention israélienne à Gaza lui offre un second souffle. Le député se jette comme un seul homme, ou plutôt comme l’entièreté de son groupe parlementaire, dans un « antisionisme » obsessionnel qu’il croit porteur auprès de son électorat de Seine-Saint-Denis. Depuis le 7 octobre, il a publié plus de mille posts sur le conflit à Gaza, tous destinés à criminaliser Israël, contre seulement quelques dizaines sur sa circonscription. Sans doute pense-t-il que ses administrés et le Hamas (qu’il ne nomme jamais) ne font qu’un. 

À l’Assemblée, il clame qu’« il y a aujourd’hui un régime d’apartheid en Israël », affirmant sur X que la « stratégie assumée et revendiquée » par Israël est d’« affamer un peuple pour le rayer de la carte », relayant à l’envi les accusations de « génocide ». Des fake newsincendiaires, proférées dans le contexte français où les actes antisémites ont bondi de 1 000 %. 

Peu importe que le Hamas soit un groupe raciste et terroriste, Portes semble être tombé en pâmoison devant ses « combattants », avant la guerre. Le 5 octobre, deux jours avant le pogrom, le député LFI se trouve même aux portes de l’enclave palestinienne. N’étant pas autorisé à y pénétrer, l’Insoumis se rend au Caire. Pour quoi faire ? Pour y rencontrer Abu Amir Mutasen Eleiwa, l’un des dirigeants d’Humani’Terre. Il s’agit ni plus ni moins du nouveau visage du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (13 millions d’euros de dons en 2009) : une organisation qui se prétend humanitaire et ­agricole, mais qui est accusée par le Trésor américain de financer le Hamas et qui est interdite aux États-Unis et au Canada, notamment. Grâce à ses relais français, l’ONG a levé des dizaines de milliers d’euros de subventions pour acheter de petits véhicules électriques, destinés aux personnes à mobilité réduite… retrouvés depuis dans les tunnels du Hamas et son « métro » souterrain. Elle récolte aussi de quoi financer des châteaux d’eau, qui servent en principe à stocker de l’eau potable, mais qui réclament les mêmes matériaux que ceux permettant de construire des tunnels… À Gaza, l’agriculture mène à tout. 

PAS DE JEUX OLYMPIQUES POUR ISRAËL 

Lors de cette rencontre, Thomas Portes est accompagné de Ratiba Saï, militante LFI de Marseille, qui, sous divers pseudos, relaie sur Internet la propagande du Hamas et du FPLP. Le 7 octobre, sèche de larmes, elle s’empresse de reposter le communiqué des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa revendiquant l’« opération militaire contre l’occupation israélienne » (sur un territoire quitté par Tsahal en 2005), ainsi que la photo publiée par Portes… bras dessus, bras dessous avec Abu Amir Mutasen Eleiwa. Et s’écrie : « On va y arriver ! » Le député, lui, ne pleure pas davantage. Et publie plutôt un message de son ami d’Humani’Terre, islamiste et pro-Hamas, justifiant « l’entrée de la résistance palestinienne dans les colonies entourant Gaza ». Alors qu’il s’agit de kibboutz pacifistes en territoire israélien ! Dès lors, le député Portes sera de toutes les manifestations pro-palestiniennes interdites par la préfecture, défilant aux côtés de fans du Hamas et de leurs pancartes « Israël assassin ! ». Il fait feu de tout bois, appelant à interdire la participation d’Israël aux JO de Paris, à boycotter des marques françaises travaillant avec l’État hébreu, avant… de se prendre les pieds dans le tapis. 

Relayant un tweet de Younis Tirawi, qui se dit journaliste palestinien, notre Robin des Bois du Sud-Ouest découvre mi-mars la vidéo d’un prisonnier palestinien rudoyé à Gaza par un soldat israélien francophone. La vidéo a été postée sur Instagram par un jeune Juif français de Villeurbanne. Son nom et son adresse postale sont divulgués par le militant palestinien. Sur X, le sang de Portes ne fait qu’un tour. Le voilà qui jette en pâture l’identité du jeune homme, tout en déclarant crânement avoir «saisi la procureure de la République de Paris pour qu’une enquête soit ouverte pour participation à des crimes de guerre et actes de torture». Comme si le garçon visé était le soldat israélien ! Résultat : le jeune homme, âgé d’une petite vingtaine et qui n’a jamais mis les pieds à Gaza, est inondé de messages antisémites et de menaces de mort. Placé sous protection policière, le Villeurbannais a porté plainte contre Portes pour «provocation publique à la haine ou à la violence en raison de la religion». Las, il en faut plus pour désarmer le député insoumis, qui n’a pas accepté de répondre à nos questions, mais dénonce une « campagne de cyberharcèlement » à son encontre, «relayée par les partisans français du gouvernement d’extrême droite israélien». Infâme, jusqu’au bout.

Michaël Prazan

Michaël Prazan est écrivain et réalisateur, auteur d’une quinzaine d’essais et de romans dont « La Passeuse » (Grasset, 2017), « Souvenirs du rivage des morts » (Rivages, 2021) et d’une vingtaine de documentaires dont « Hitler-Staline, le choc des tyrans » (France 3, diffusion en 2022) et « Racisé.e.s ; une histoire franco-américaine »

PESSAH, le Renouveau ?

Le 21 Avril 2024

Dans le doux éclat du printemps de Pessa’h, chaque détail semble être imprégné d’une émotion palpable, d’une énergie vibrante qui émane des préparatifs fiévreux dans nos foyers. Instinctivement, dans ce tumulte joyeux nos pensées se tournent vers nos jeunes héros, ceux dont le courage indomptable les a poussés à répondre à l’appel du devoir et à plonger dans l’incertitude du combat. Leurs pas résonnent dans nos têtes, leurs visages sont des constellations gravées dans nos cœurs, et leur bravoure inaltérable illumine chaque instant de cette célébration sacrée.

Alors que nous nous assiérions pour partager le repas de Pessa’h, que chaque chaise vide devient un rappel poignant de ceux qui ne sont plus parmi nous, une prière silencieuse monte de nos âmes, une invocation à se souvenir, à honorer leur mémoire, et à perpétuer leur héritage par nos actions. Dans ces moments solennels, nos prières s’élèvent vers le ciel, portant avec elles le rêve d’un monde où la jeunesse ne sera plus jamais sacrifiée sur l’autel de la guerre, où chaque enfant pourra s’épanouir dans la paix et la sécurité. Leur sacrifice, aussi sacré que profond, deviendra la pierre angulaire sur laquelle Israël construira un avenir empreint de lumière pour les générations à venir.

https://youtu.be/v-PQGI_1DWc?si=mu7oCAhfWqeaH-HA

Mais nos pensées ne sont pas seulement tournées vers ceux qui ont combattu vaillamment sur le champ de bataille. Elles s’étendent également à ceux qui sont retenus captifs loin de chez eux, leurs âmes prisonnières des chaînes de l’oppression. Leurs histoires, leurs souffrances, sont devenues une partie intégrante de notre récit collectif. Leurs absences sont insupportables, et l’espoir de leur libération est une flamme fragile qui vacille dans nos cœurs.

C’est pourquoi nous nous engageons, chacun à notre manière, à poursuivre sans relâche notre lutte pour leur retour parmi les leurs. Qu’ils sachent, où qu’ils soient, qu’ils ne sont pas oubliés, que leur souffrance est notre souffrance, et que leur libération est notre impérative mission. Guidés par leur courage inébranlable et leur résilience inflexible, nous nous efforcerons de traduire nos pensées en actions concrètes, en plaidoyers passionnés pour leur libération.

Dans cette symphonie d’empathie, d’action et de determination faisons de Pessa’h un hymne vibrant à la solidarité. Pour le reste, confions-nous à la Providence Divine.

FREDAL

Annexe

https://youtu.be/b06_ffOYE4U?si=cjSH6aPPgp25OqwY

La France va mieux. Son élite est passée du déni à l’aveu d’impuissance, et de celui-ci à l’incantation. Encore un effort et ce sera l’action

Le déni, c’est fini. La libération des peuples commence par celle de leur parole. Il était impossible, il y a peu, d’énoncer certains faits, sous peine de se voir taxer de faire le lit de l’extrême Droite, de Jean-Marie Le Pen, pour ne pas le nommer, car on ne doit pas dire le nom du Diable. Cet individu toxique vient d’être mis sous tutelle judiciaire par ses proches, le fait n’est pas seulement privé, il est aussi politique, car il qualifie de sénilité mentale l’antisémitisme atavique du fondateur du parti qui est devenu, sous un autre nom, le premier de France.

Le mur du silence du politiquement correct a été franchi par Vincent Bolloré, catholique convaincu. Il a rompu le pacte tacite entre les Gouvernants et les grands capitaines d’industrie, où l’on compte Bernard Arnault et François Pinault. Ceux-ci se sont astreints à une totale inexistence politique, se satisfaisant de tirer parti pour leurs affaires de leur proximité avec les dirigeants du pays.

Le simple effet d’une note dissonante entendue sur des chaînes télévision et radio, l’impact d’un point de vue différent lu dans un hebdomadaire papier a changé la donne politique. Ce que les Français constataient au quotidien en se frottant les yeux, ils peuvent l’entendre et le lire. Ils constatent qu’ils n’avaient pas la berlue. La France, la leur, n’est plus aimée, elle ne s’aime d’ailleurs plus, elle est haïe par certains nouveaux Français et même attaquée dans ses fondations, celles de l’école. Des enseignants assassinés, décapités, poussés à la démission sont le signe d’une agression étrangère organisée par la stratégie destructrice des Frères Musulmans.

Bien entendu, l’élite de gouvernement, refuse cette réalité, et invoque encore la psychiatrie, le fait singulier, ou à la rigueur les loups solitaires. Il est encore interdit par la police de la pensée correcte de faire le moindre lien entre une immigration sans contrôle, une intégration ratée, et l’insécurité ou la délinquance. Ceux qui, du bout des lèvres, y consentent opposent l’impossibilité d’agir.

Macron très courageux, et même bravache quand il s’agit de la Russie, contre laquelle il n’y aura jamais de guerre directe, est pris d’une tragique « degonflada » quand il s’agit de défiler contre l’antisémitisme, ou designer l’ennemi qui assaille la France à l’intérieur. Certes les trolls de Poutine sont dénoncés, mais rien sur les réseaux sociaux qui au nom d’un Islam dévoyé appellent au viol, au meurtre et à la haine de la France. Le déni a construit une ligne sémantique de défense contre la réalité pour ne pas avoir à l’affronter. Il utilise des périphrases et continue d’ignorer l’Islamisme politique. Certes, il ne faut pas « amalgamer » les Islamistes assasins et les Musulmans pacifiques, mais le refus de l’obstacle de nommer l’ennemi, c’est déjà la victoire de celui-ci qui gagne la bataille des idées.

On peut s’alarmer de cette défaite patente et être effondré de l’état d’esprit de ceux qui, aux commandes désignent un autre responsable. En l’espèce, le traffic de narcotiques. Bien entendu, les Islamistes ne voient qu’avantage à l’addiction de la jeunesse française à la drogue, et profite de ses réseaux. Mais les trafiquants vivent sur la bête et n’ont aucun intérêt à la destruction d’une société qui les nourrit si bien. Là encore, le pouvoir contourne la réalité.

Le dernier refuge des pleutres consiste en un détournement de la laïcité, qu’il faudrait selon eux brandir contre toutes les religions, celles qui sont pacifiques et celles qui tuent, sans distinction. Leur aveuglement va jusqu’à nier le fait religieux inséparable de la vie sociale, mais aussi individuelle. Leur couardise les conduit à s’en prendre aux racines chrétiennes de la société française, et à condamner ses fondations catholiques. Le multiculturel d’une identité heureuse rêvé par certains n’a aucune réalité quand l’une des religions use de la violence, et quand elle utilise des adolescents pour mener ses actions d’intimidation. Devant cette évidence, le visage de la réponse du gouvernement est celui de l’avenante Mme Belloubet qui use de l’incantation pour pallier son inaction.

Le tocsin est sonné. Reste à savoir pour qui sonnera le glas. La France est blessée au cœur, mais elle a pris conscience de son mal. Il lui reste à apprendre à se soigner. Le peuple semble se détourner de ceux qui lui ont menti. Ils sont les mêmes qui affirment aujourd’hui que l’on ne peut rien faire pour conjurer les périls qu’ils disaient inexistants, ou se réfugient dans un discours creux.

En lui-même, ce sursaut est une preuve de santé morale et culturelle. Il est temps que ceux qui gouvernent la France osent dire qui sont ses ennemis. Il est désormais possible que ceux qui s’y refusent soient balayés. L’extrême Droite n’a plus le monopole de la faculté de désigner le danger, la Droite semble résolue à braver l’interdit moral qui lui fermait la possibilité de se montrer lucide. Même certains à gauche, tel Manuel Vals, franchissent aussi le Rubicon du silence.

Le déni est une disposition pathologique de l’esprit qui a cette particularité de s’étendre à tous les aspects de la vie. Il sévit aussi, en France, dans le domaine économique. L’élite dirigeante a pratiqué le « quoiqu’il en coûte » et l’analgésique des allocations en laissant croire qu’il ne couterait rien à personne que l’Etat s’endette à des taux négatifs. Là aussi, ce qu’il faudrait nommer est le coût de l’entretien d’une fonction publique  pléthorique. On ne peut, cependant, parler aujourd’hui de la nécessité de mettre un terme au statut de la fonction publique qui assure aux fonctionnaires une rémunération à vie. C’est pourtant cette charge, ce boulet, qui oblige à des prélèvements fiscaux stérilisateurs. Cependant, aussi surprenant que cela soit, c’est un personage médiatique de gauche, ainsi que son écharpe rouge en atteste, Christophe Barbier, qui le premier met sur la table la question du sacrosaint Statut.

On peut déplorer que trop de membres de la classe dirigeante, politiques et administratifs confondus, campent encore sur le terrain du déni des vérités sociales et économiques. Mais Emmanuel Macron, qui est leur dernier rempart, approche de sa date de péremption, et les hommes étant ce qu’ils sont, on peut gager que de même que les rats quittent le navire quand il prend l’eau, les grands fauves ne manqueront pas pour prendre le train en marche.

Certes, la France est malade d’un gouvernement de la parole, mais il n’est pas impossible que désormais, elle se soigne.

Comment la reine Esther est-elle devenue une sainte chrétienne ?

Ils ont fui l’Espagne vers le Portugal voisin, mais ont rapidement été contraints de traverser l’Atlantique en direction du Nouveau Monde. Ils ont été baptisés chrétiens contre leur gré et ont été contraints de retirer tout signe faisant allusion à leur héritage juif. Mais ils étaient prêts à risquer leur vie pour conserver quelque chose. C’est l’histoire des conversos qui ont inventé une sainte chrétienne qui était en fait une reine juive, pour se rappeler qui ils étaient vraiment.

La reine Esther.
Peinture murale de la Villa Carducci

Petit Garçon s’agenouille au pied du lit,

Tombe sur les petites mains, petite tête dorée

Faire taire! Faire taire! Chuchotez qui ose!

Pendant des siècles, les prières au coucher de jeunes enfants innocents, agenouillés au chevet de leur lit, leurs petits doigts potelés entrelacés alors qu’ils faisaient de leur mieux pour réciter les paroles, représentaient l’image idéale de la vie familiale dans le contexte de la culture chrétienne. Des enfants qui n’ont pas goûté au péché ni à la violence, et une prière honnête et innocente pour la protection et la paix.

Mais pour des centaines de milliers de familles, cette image de douce innocence était en réalité quelque chose de terrible — une source de douleur qui leur causait plus d’agonie que les flammes qui menaçaient d’engloutir leurs corps —. C’était un symbole terrifiant de ce qui leur était arrivé : savoir que leurs petits enfants grandiraient sans connaître la foi de leurs ancêtres et sans savoir qui ils étaient réellement.

À la fin du Moyen Âge, juste avant la découverte du Nouveau Monde et l’expansion des grands empires coloniaux, les Juifs d’Espagne se trouvaient confrontés à un choix sans équivoque : quitter ou se convertir au christianisme.

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Une carte postale représentant un groupe de soldats de l’Inquisition espagnole pénétrant par effraction dans la maison de conversos juifs qui dirigeaient en secret un Seder de Pâques.

Cet événement n’a pas été un revirement soudain : il a été précédé par des centaines d’années de persécution des Juifs, le marquage des Juifs comme citoyens inférieurs (signes physiques tels que l’interdiction de se raser la barbe ou l’obligation de porter certains vêtements visibles), et des efforts à grande échelle pour les convertir au christianisme. Il n’est pas étonnant qu’au moment de l’expulsion, il existait déjà en Espagne une très grande communauté de « nouveaux chrétiens » – des juifs convertis au christianisme, sous la menace ou par désir de conserver leur statut et leur bien-être économique.

Mais les Espagnols n’étaient ni sympathiques ni tolérants envers les nouveaux chrétiens (qu’ils appelaient marranos– « cochons »), qui ont réussi d’une manière ou d’une autre à conserver leur singularité et leur richesse après leur conversion. Influencés par les masses et entraînés dans cette atmosphère générale, les monarques catholiques Ferdinand et Isabelle ont publié un décret royal exigeant que tous les Juifs quittent l’Espagne dans un délai de trois mois, arguant que les Juifs restés ouvertement fidèles à leur religion « ruinaient » l’Espagne. Nouveaux chrétiens et « mauvaise influence ».

C’était un choix horrible à faire. Les Juifs ne se voyaient pas offrir une merveilleuse opportunité de s’installer dans un nouveau pays. Ceux qui ont choisi de partir ont dû abandonner tous leurs biens et se lancer sans ressources dans un voyage dangereux qui a coûté la vie à de nombreuses personnes, même lorsqu’il s’est déroulé dans les meilleures conditions. De nombreux navires transportant des Juifs d’Espagne ont été coulés et ceux qui ne se sont pas noyés ont été torturés et massacrés.

Et pourtant – selon les estimations les plus basses, plus de 100 000 Juifs ont quitté l’Espagne lors de ce qui est probablement l’expulsion la plus célèbre de l’histoire.

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Le décret royal ordonnant l’expulsion des Juifs d’Espagne, signé par les monarques espagnols Ferdinand et Isabelle, 1492

Mais leurs ennuis ne faisaient que commencer. La moitié des exilés se sont installés dans le royaume voisin du Portugal. Le roi João (Jean) II accepta de leur accorder l’asile, à condition qu’il reçoive une rémunération pour chaque Juif qu’il acceptait.

C’est ainsi que le Portugal est devenu le principal concurrent dans les relations commerciales juives avec l’Empire ottoman. Le sultan Bayezid II accueillit les Juifs dans les territoires ottomans en disant à ses courtisans : « Vous osez qualifier Ferdinand de sage dirigeant, lui qui a appauvri son propre pays et enrichi le mien ! »

Initialement, il était convenu que les exilés ne vivraient au Portugal que huit mois, mais au fil des mois, les Juifs se sont assimilés à l’économie du pays et ont aidé les Portugais à ouvrir les portes de villes commerciales lointaines où vivaient d’autres Juifs, et les autorités ont choisi de fermer les yeux et de leur permettre de rester.

Ferdinand et Isabelle étaient furieux. Le fait que ces déportés vivaient confortablement et en sécurité à seulement quelques kilomètres de la frontière espagnole menaçait l’emprise de l’Inquisition espagnole sur les nouveaux chrétiens de son domaine.

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Cérémonie de l’auto-da-fé sur la Plaza Mayor de Madrid, peinture de Francisco Rizi, 1683

Quatre ans seulement après l’expulsion, ils ont pris leur revanche : les monarques espagnols ont proposé un accord, offrant au nouveau roi du Portugal, Manuel Ier, leur pieuse fille – du nom de sa mère, Isabelle, en échange de l’expulsion complète des Juifs portugais. Le roi Manuel a signé le contrat, mais il n’avait pas envie de perdre les Juifs de son pays, qui avaient un impact fondamental sur l’économie du royaume, qui était alors la deuxième de la péninsule ibérique.

Comme nous étions à la fin du Moyen Âge, à l’époque des monarchies absolues, il pouvait faire ce qu’il voulait et la solution était très simple. Les Juifs de Lisbonne qui avaient choisi de ne pas se convertir au christianisme devaient se rassembler sur la place de la ville. Là, on leur a promis qu’ils seraient bientôt embarqués à bord de navires vers les pays de leur choix. Comme l’histoire nous l’a appris, de telles promesses se soldent généralement par de la cruauté envers les Juifs. C’était vrai à l’époque, et c’était encore vrai des centaines d’années plus tard.

Au-dessus des têtes de la foule rassemblée, des prêtres chrétiens sont sortis sur le balcon donnant sur la place, ont aspergé la foule d’« eau bénite » et le sort des Juifs a été décidé. À ce moment-là, ils furent baptisés dans le christianisme. À ce stade, s’ils choisissaient de retourner au judaïsme ou de déclarer leur foi juive, ils pouvaient s’attendre à être brûlés vifs pour hérésie et trahison.

Des cérémonies similaires furent célébrées dans les autres villes du Portugal, qui fut rapidement et officiellement débarrassé de tous les Juifs.

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Une page d’un manuscrit décrivant les procès de l’Autodafé à Lisbonne, conservé dans les Archives centrales pour l’histoire du peuple juif de la Bibliothèque nationale d’Israël.

Ces juifs, qui avaient encore moins de choix dans leur conversion au christianisme que les premiers Conversoespagnols, cherchèrent un moyen secret de préserver leur héritage sous le regard vigilant de l’Inquisition. Ils le savaient, peu importe à quel point ils se souvenaient de leur religion et y croyaient dans leur cœur ; pour les générations futures – leurs enfants et petits-enfants – il n’y avait aucune chance que leur foi persévère.

Pour tenter de le préserver malgré tout, ils ont profité d’une des pratiques de la foi catholique, selon laquelle les croyants « sanctifient » souvent diverses figures et en font des saints qui peuvent être vénérés, même s’ils n’ont pas encore reçu de titre officiel. statut de l’Église elle-même.

C’est ainsi qu’est née « Santa Ester » (Sainte Esther).

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Une icône du « Père Noël Ester » accrochée dans les maisons des conversos juifs en Amérique du Sud

Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les conversos se sentaient liés à la reine Esther. L’histoire de la belle et innocente jeune fille, qui a été emmenée de sa maison et de sa communauté contre sa volonté au palais du roi – où la Megilla nous dit que « Esther n’a pas révélé son peuple ni sa parenté » – reflétée leur propre triste situation ainsi que leur espoir. Auraient-ils, eux ou leurs enfants, le privilège de déclarer ouvertement une fois de plus, devant le roi, les ministres et la nation entière, qu’ils appartenaient au peuple juif ?

La figure de Santa Ester est devenue partie intégrante des maisons de nombreux conversos . Des icônes à son effigie étaient accrochées aux murs. Les femmes ont allumé des bougies en son honneur. Et les petits enfants – à qui le grand secret de famille ne pouvait être révélé – s’agenouillaient chaque soir près de leur lit, joignant leurs petits doigts, priant Santa Ester qu’elle veille sur eux, les protège et leur montre le bon chemin.

C’était dangereux. Tout signe indiquant qu’une famille s’accrochait encore à son judaïsme entraînait des procès monstrueux de la part de l’Inquisition. Le meilleur des cas était un procès aboutissant à une démonstration humiliante de « repentir » et d’« expiation », impliquant la torture et des punitions sévères. Le plus souvent, les accusés et leurs familles étaient brûlés vifs lors d’une cérémonie publique appelée auto-da-fé. Selon diverses estimations, des dizaines de milliers de Juifs ont trouvé la mort grâce à cette méthode d’exécution.

Exécution de Mariana De Carabajal à Mexique 1601. Source du Palacioel Libro Rojo réimprimé dans la copie de l'Encyclopédie juive
Cérémonie de l’auto-da-fé au Mexique, 1601. Tiré de l’Encyclopedia Judaica

Au fil du temps, certains conversos ont émigré vers le Nouveau Monde, vers les territoires contrôlés par l’Espagne et le Portugal en Amérique du Sud, où ils espéraient (en vain) que le bras long de l’Inquisition ne les rattraperait pas. Ils y ont amené Santa Ester avec eux et ont veillé à célébrer sa fête – qui était essentiellement la même que la fête juive de Pourim.

Ce sont les femmes qui étaient responsables de la fête de Santa Ester, ou « Santa Esterica » comme on l’appelait dans certains endroits.

La fête commencerait par trois jours de jeûne, pour commémorer le jeûne qu’Esther avait établi avant de faire appel au roi Assuérus.

« Et Esther envoya cette réponse à Mardochée : Allez, rassemblez tous les Juifs qui habitent à Shushan, et jeûnez en ma faveur ; ne mangez ni ne buvez pendant trois jours, nuit ou jour. Moi et mes jeunes filles observerons le même jeûne. Alors j’irai vers le roi, même si cela est contraire à la loi ; et si je dois périr, je périrai »

Ils partageaient le jeûne entre eux, chaque femme jeûnant pendant un jour, et une fois le jeûne terminé, ils organisaient un festin.

Au lieu des célébrations publiques habituelles en Espagne avant l’expulsion, les familles ont célébré la fête en organisant à la maison un petit repas de fête discret et pourtant dangereux. Les mères cuisinaient avec leurs filles des recettes traditionnelles qui avaient été transmises de génération en génération et utilisaient le temps qu’elles passaient à cuisiner et à cuisiner pour chuchoter à leurs filles aînées d’autres traditions liées à la nourriture casher.

Comme indiqué ci-dessus, il s’agissait d’une pratique extrêmement dangereuse.

En 1643, un descendant de conversos nommé Gabriel de Granada fut capturé au Mexique. Lors de son interrogatoire, il a avoué les « crimes » de la famille et décrit la fête et le jeûne. Lui et les membres de sa famille ont été brûlés vifs pour le crime de « conversion au judaïsme ».

L’Église a continué à persécuter les familles des conversos, qui ont dû trouver des moyens de plus en plus créatifs pour cacher leurs traditions. Mais ils ont continué à maintenir ces traditions et les familles dont la mémoire juive s’estompait ont continué à célébrer la fête de « Santa Ester » chaque année.

Et ils ont conservé l’image d’Esther avec raison.

À leurs yeux, Esther, la fille d’Avichayil, était aussi une converso – une femme qui était obligée de cacher sa lignée et sa foi pour sauver sa vie, jusqu’à ce qu’elle se lève courageusement, même si elle était seule dans le palais. du roi Assuérus, et déclara son affiliation nationale et religieuse devant le roi et son peuple. Ce faisant, elle a sauvé non seulement elle-même mais aussi son peuple. Et pas seulement dans sa génération. Combien de descendants de conversos ont réussi à conserver leur identité grâce à elle ? Combien d’entre eux sont retournés ouvertement à leur judaïsme lorsqu’ils sont arrivés dans des pays qui l’ont autorisé ou lorsque le pouvoir de l’Inquisition a décliné ? Nous ne connaîtrons jamais le nombre exact, mais la force d’esprit et la fermeté de la reine Esther ont persévéré dans un autre monde et à une autre époque.

Le mystère du parchemin espagnol d’Esther

« Que tengas un feliz Pourim! » – En espagnol cela veut dire : Joyeux Pourim ! Une meguila du XVIIe siècle se distingue par son écriture dans la langue des descendants des survivants de l’inquisition.

FREDAL

Boomers ? OK, mais pas KO.

Tel Aviv le 15 Mars 2024

C’est une génération d’après guerre, que leurs géniteurs ont conçus dans l’euphorie de la Libération, en France, et aussi dans le Monde occidental libéré du nazisme.

Dans cette courte période où la Guerre froide ne s’était pas encore déclarée, l’optimisme régnait, avec les images du rêve américain, pour les arts ménagers et l’automobile, et le miroir aux alouettes du marxisme détenteur d’une morale indiscutable. Les nouveaux nés arrivaient en rangs serrés dans l’univers composite de Maryline Monroe et Jean-Paul Sartre.

Ils furent les enfants d’un mixte schizophrénique, car aux Etats-Unis les individus connaissaient les violences du capitalisme libéral, et en URSS, on faisait la queue devant des magasins vides du fait de l’incurie d’une bureaucratie totalitaire.

Les Boomers, ainsi nommés car ils formaient la vague démographique du Baby boom, ont bousculé toutes les vérités antérieures par le simple effet d’une masse que la société n’était pas préparée à absorber. L’interdiction d’interdire, ici, les Baba cool, là-bas, étaient l’écume d’une déferlante qui ne savait pas à quel point elle était incohérente. Elle rêvait d’Hollywood, mais prenait ses consignes morales à Moscou. Elle jouissait du capitalisme libéral, que par ailleurs elle vilipendait au nom de la justice sociale. Les Boomers, révolutionnaires de Mai 68, ne trouvaient pas absurde de fumer de gros cigares cubains, alliant l’image du patronat financier à celle du Communisme le plus étroit. Ce n’était pas une synthèse, mais un dédoublement de personnalité.

Ce grand écart leur a permis de se glisser dans les délices d’une Europe en paix et d’en percevoir les dividendes. Le gendarme américain s’occupait alors de la guerre dans le reste du monde, allant de défaite en désillusion, car là où il pensait apporter les lauriers de la démocratie et de la liberté, l’Oncle Sam ne récoltait que les orties de l’hostilité de peuples trop éloignés de ces idéaux de riches pour les faire leurs.

Hors des réalités d’un monde cruel, l’univers des Boomers est devenu celui des Bisounours. « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » ricanait Jean Yanne.

La mondialisation, civilisation nouvelle où le commerce était sensé adoucir les mœurs, les Boomers n’y ont pas vu de danger. Ils se sont laissés bercés par ses facilités. Consommer toujours plus, travailler toujours moins, et tant mieux si l’industrie polluante et pénible se délocalisait. Tant pis si l’impôt étranglait l’économie. Quand la fiscalité a atteint ses limites, l’on a tiré des traites sur l’avenir en augmentant la dette publique pour une redistribution conçue comme la seule réponse anesthésiante aux revendications sociales.

Consomme et tais-toi ! Tel fut leur idéal politique.

Sur le point de passer la main, ou, comme l’on dit, l’arme à gauche, les Boomers se rendent compte qu’ils vont léguer des dettes. Ils voient qu’ils ont usé et abusé des ressources de la Planète. Ils ont vécu dans des pays plus propres pour leur progéniture, mais s’implement en déplaçant la pollution. Archétype de l’homme occidental blanc de peau, le Boomer est rendu responsable par les procureurs de la morale nouvelle de tous les maux de l’Humanité.  Ce réquisitoire est prononcé par des jeunes gens, voire des enfants telle la petite Greta Tunberg. « Fripon d’enfant, cet âge est sans pitié », écrivit La Fontaine dans la fable des deux pigeons qui s’aimaient d’amour tendre.

Les Boomers ? Ils vivent plus longtemps et en meilleure santé, mais  dans quel état vont-ils laisser le monde ? Ce procès est devenu le mantra d’une jeunesse revendicatrice et souvent vindicative.

Cette jeunesse compte pour rien la démocratie, à laquelle elle est accoutumée. Ses membres sont tellement occupés à dénigrer leurs ainés qu’ils oublient que l’égalité des sexes et l’antiracisme sont des conquêtes des Boomers, comme la décolonisation. Pour ces enfants gâtés, ce n’est jamais assez. Ils inventent du machisme, là où il n’est pas et refusent de le voir là où sévit encore un patriarcat féroce. Ils racisent tout en croyant être antiracistes, et voient de la colonisation partout, surtout là où elle a disparu.

L’idée de progrès, qui a habité les rêves des Boomers, est aujourd’hui ramenée à celle d’une revanche.

Certes, les sujets d’inquiétude sur l’évolition du monde ne manquent pas. Mais Gianbatista Vico l’a théorisé à la Renaissance, l’Histoire ne suit pas un cours continu. Il existe des “corsi i recorsi”, des hauts et des bas, cependant il est stupide de ne pas capitaliser les progrès, au prétexte qu’ils ne sont pas assez rapides ou qu’ils rencontrent des vents contraires.

La pire des attitudes face à la question de la civilisation est de négliger l’importance de la transmission. Tout n’était pas mieux avant, mais tout rejeter du passé est un pas vers le gouffre de la sauvagerie.

La lutte des classes étant démodée du fait de la disparition technique du prolétariat, il est criminel de lui substituer la lutte des races, comme il est inconscient de reconstituer un prolétariat d’immigrés formant une main-d’oeuvre bon marché, qui plait au patronat, mais constitue une bombe à retardement sociale.

Le monde des Boomers est bourré de défauts, mais tous ceux qui n’y sont pas nés veulent venir y vivre. Cela devrait faire réfléchir les dénigreurs de notre civilisation.

La démocratie porte en elle les germes de sa propre destruction. Ils la sabotent quand les principes de liberté qui la fondent sont détournés en abus de droits sans égard pour les devoirs. La vertu citoyenne est faite de devoirs, cela les Boomers ont, il est vrai, omis de l’enseigner à leur progéniture.

La société de consommation purement matérialiste est un piège que les Boomers n’ont pas su baliser, tant ils étaient obnubilés par le vouloir d’achat. Ce passif a fait perdre de vue que la frugalité n’est pas la rigueur, et moins encore l’austérité, mais une attitude raisonnée en fonction des réalités de l’environnement. Leurs enfants-rois  préfèrent aujourd’hui vivre à crédit, c’est-à-dire reporter sur les générations suivantes la charge de leurs caprices immédiats. De la liberté que leur ont léguée les Boomers, ils usent et abusent, oubliant, car ils ne l’on jamais appris, que tout se mérite.

Pour fermer ses oreilles aux conseils de la génération qui s’en va sur la pointe des pieds, celle qui vient a inventé une formule ironique : Ok, Boomer ! Mais n’en déplaise à la génération montante qui porte le wokisme, l’écologie punitive, la décroissance et autres balourdises, les Boomers sont OK et pas KO. Il serait sage de prêter attention à leur expérience si imparfaite soit-elle.

Baisser la Tête: Plus jamais !

Ce qui surnage des propos tenus sur la réaction de l’Etat d’Israël au pogrom du 7 octobre, et des actes antisémites dans le monde, et notamment en France, est une idée non exprimée, mais toujours présente. Celle qu’il est anormal que les Juifs répliquent quand on les insulte, quand on les frappe et quand on les tue.

Des siècles durant depuis la destruction du Temple par les Romains, les Juifs ont subi. La Shoah fut le paroxysme de cette souffrance muette et passive par l’extermination par les nazis du tiers de leur peuple. Cette abomination achève de convaincre les juifs qu’il leur fallait un foyer national.

Par la création de l’État d’Israël les Juifs du monde entier ont espéré que leur calvaire pouvait avoir un terme, car immédiatement agressé par les Etats arabes, le jeune Etat se défendit avec courage et efficacité, au grand étonnement de tous.

Soulevés par les exhortations haineuses du Grand Mufti de Jerusalem, appelant au massacre des Juifs, les Palestiniens voyant leurs soutiens vaincus, s’enfuirent en masse craignant la vengeance de ceux qu’ils avaient commencé à tuer impunément.

Cette crainte était peu justifiée car l’Etat d’Israël, qui était alors dirigé par des idéalistes laïques, se voulait un exemple de vertu humaniste. Néanmoins,un grand nombre de Palestiniens n’est pas revenu refusant de cohabiter avec les Juifs. Une partie est restée en Jordanie, mais au Liban ils furent contenus dans des camps, et pas accueillis en Égypte ou en Syrie.

Aux attaques suivantes, toujours à l’initiative de ses voisins arabes, Israël a résisté, et en conséquence a occupé de nouveaux territoires dont une grande partie non stratégique a été volontairement restituée.

Cette résistance fut d’abord exemplaire, comme cette génération de Sabras qui faisait vivre des Kibboutz dans le désert ; puis, au fur et à mesure des vagues d’immigrations de Juifs fuyant les Etats arabes, puis l’Europe centrale, l’image et la réalité de l’Etat dit Hébreux ont changé.

Les Séfarades d’abord furent moins ouverts aux Arabes qu’ils avaient dû fuir. Les Ashkénazes ont ensuite accentué la pente religieuse vers une orthodoxie aussi étroite qu’inconsciente des dangers. Les répliques aux attaques furent de moins en moins aisées et nettes. Etat exemplaire, invincible et admirable, Israël est ainsi devenu un Etat comme une autre, critiquable et critiqué.

Les anti-juifs y ont vu une possibilité de retour au « bon vieux temps » où les Juifs pouvaient être impunément insultés, frappés et tués. Il incombe aux Israéliens de détromper le monde sur cette idée fausse, et montrer qu’il est extrêmement coûteux, voire exorbitant, de s’en prendre aux Juifs en leur maison. Aux Juifs du monde, il appartient de ne pas se laisser insulter ou agresser et là aussi de rendre les coups. Baisser la tête, courber l’échine ? Plus jamais ! Si leur sort est lié à celui de l’Etat d’Israël, il ne relève que d’eux-mêmes de se faire respecter, l’intérêt, et peut-être le souhait de Jérusalem étant de les voir affluer.

Dans cette situation, il n’y a pas de place pour la compassion envers les Palestiniens. Parce que dans le monde nouveau de Poutine, ce sont les armes qui parlent plus fort que le droit. Mais surtout, parce que le sort de cette population est de l’unique responsabilité de ses dirigeants Hamas ou Hezbollah. Il sera ce qu’ils en feront. Tant que leur projet sera d’exterminer tous les Juifs du Jourdain à la mer, il devront en assumer les conséquences.

A chacun ses responsabilités…

FREDAL

Fini le « en même temps », E. Macron désormais fait semblant

22 Février 2024

Dans les temps troublés que nous traversons, la figure tutélaire du Président de la République devrait être le point fixe qui permet au citoyen de se situer au milieu des périls qui s’amoncellent dans le ciel noir. Hélas, cette attente légitime est chaque jour de plus en plus déçue. C’est un ectoplasme fluctuant qui semble occuper le palais de l’Elysée.

Depuis le début de son second mandat Emmanuel Macron ne fait plus du « en même temps », il fait simplement semblant.

Sur l’immigration, il a fait voter une loi destinée à maîtriser une vague de submersion, texte dont il disait la nécessité, tout en s’en remettant au Conseil constitutionnel pour en annuler l’essentiel. Mais surtout, il ne pouvait ignorer que le Conseil d’Etat, préparait un arrêt, prononcé en catimini, interdisant à l’Etat de refouler qui que ce soit à la frontière. Contre cet acte d’autorité de ces juges d’exception, outrepassant leurs prérogatives de l’Etat de droit, le Président n’a rien dit. Cette abdication montre que dans une matière qu’il proclamait d’importance, il n’aura fait que semblant d’agir.

Pendant l’interview sur le plateau de C à vous, Emmanuel Macron se cache derrière le processus législatif de l’Assemblée nationale et le nécessaire durcissement de la loi vers la droite extrême pour qu’elle soit votée. Sauf qu’il savait très bien qu’on en serait là aujourd’hui. Malgré un rejet de son texte par l’Assemblée nationale, il a fait le choix de ne pas le retirer.

Sur le soutien à l’Ukraine, E. Macron, aussi fait semblant. A l’entendre, la France soutiendrait l’Ukraine « jusqu’à la victoire ». Mais en pratique, les avions nécessaires à la défense de Kiev ne sont toujours pas livrés. On ne parle pas des Rafales, à construire, mais des vieux Mirages qui dorment dans les hangars. Le moment venu, quand la guerre sera perdue, il dira sans doute qu’il parlait évidemment de la victoire des Russes. Entre le “dire” et le “faire”, il y a la duplicité du faire semblant.

Il assène “l’antisémitisme ne refait pas surface”. Parlons franc Monsieur le Président : Il n’a cessé, de massacres islamistes en massacres islamistes de prospérer sur le sol français, sur le terreau d’une immigration massive et invasive.

Vous dites que vous êtes intransigeant : la moindre des intransigeances eut été de vous voir vous rendre à la manifestation prévue pour l’enrayer à un moment crucial. Votre présence aurait été d’autant plus nécessaire après les propos incongrus du porte- parole gouvernemental qui a considérablement affecté son caractère unitaire. A fortiori après vos propos à la BBC où vous évoquiez la mort de “bébés” à Gaza en suite de bombardements israéliens qui n’auraient pas été “nécessaires”. Dans le climat de haine actuel entretenu par un parti d’extrême gauche auprès d’une partie de la population d’origine immigrée, il me parait que chaque mot devrait être pesé au trébuchet de la conscience.

Je ne sais que trop qu’Israël est un petit pays et la communauté juive française un ensemble moins nombreux qu’une autre. Mais autrement plus pacifique. Raison de plus qu’à l’heure de tous les périls ici et là bas, la parole de la France soit pesée et respectée.

Face aux agriculteurs, aussi, le Président Macron fait mine de vouloir les entendre. Il dépêche Attal qui, honnête homme, énumère les justes revendications d’un monde pris à la gorge, et croit pouvoir promettre de les satisfaire. Mais, ce n’est qu’enfumage, car cette compréhension est un faux semblant. Les dés sont pipés et jetés. L’Europe et, en en son sein, la France ont choisi de sacrifier l’agriculture aux lubies de l’idéologie des écolos radicalisés. Sur les plaies d’une corporation agonisante, E. Macron propose de la poudre de perlimpinpin. Ce ne sont pas des moratoires qu’il faudrait concéder, c’est un revirement complet, une remise en cause du scélérat « pacte vert », mais, là, Emmanuel Macron est aux abonnés absents.

Sur l’Europe, plus généralement, le Président français simule une montée au créneau pour lutter contre les normes abusives et autres absurdités bureaucratiques. Il va jusqu’à convenir que tout n’est pas parfait dans le fonctionnement des institutions européennes, et parle d’une pause sur la frénésie régulatrice, mais c’est là faux semblant, car, derrière ce discours, il n’y a rien de concret. Paroles, paroles, paroles, dit la chanson.

A propos de la Dette publique abyssale, le chef de l’Etat déclare faire des économies, mais comme ces cantonniers qui pour boucher un trou en creusent un autre, il fait semblant d’y travailler, tout en aggravant le déficit public.

Sur l’éducation nationale en perdition, les initiatives Attal n’auront été qu’un faux semblant, une parenthèse vite désenchantée. Là encore, après avoir affirmé la nécessité de reprise en main d’un enseignement à la dérive, il revient aux errements anciens avec Nicole Beloubet qui contredit la politique de son Premier Ministre. La godille est une méthode macronienne, car elle fait suite au retournement entre Blanquer et Pap N’Daye. Ce n’est qu’un simulacre de politique, car le ministère qui emploie 600.000 personnes est un super-pétrolier dont on ne modifie l’erre qu’à long terme.

Afin de sortir de ce qu’il a appelé « un jour de crise sans fin », Emmanuel Macron a présenté de nouvelles mesures afin de réorganiser le travail à l’hôpital, fonder un nouveau pacte avec la médecine libérale, mais également assurer des logements dédiés aux soignants via « une grande initiative » qu’il souhaitait engager avec les élus locaux. Telles étaient ses annonces en janvier 2023. Quatre ministres de la santé se sont succédé depuis, oui quatre figurants (Braun, Rousseau, Firmin-Le Bodo, Vautrin) en un an, et les ambitions affichées n’ont été que gesticulation et simulacre d’action. L’effet d’annonce qui tient lieu de politique est une vieille recette enseignée à l’ENA pour donner l’impression que l’on agit, mais nul n’est aujourd’hui encore dupe de ces tours d’illusionnistes.

Sur la réforme de l’Administration, les actions du chef de l’Etat sont aussi en trompe l’œil ; la haute fonction publique bien qu’il l’ait déclarée responsable de la dégringolade de la France, est toujours aux commandes, et la petite et moyenne Administration sont toujours protégées par le statut d’airain de la fonction publique qui fait obstacle aux mutations et aux adaptations dont l’urgence est criante. La France est toujours une bureaucrature, après sept ans de macronisme.

Sur la liberté d’expression menacée par le Conseil d’Etat, qui ose tout en demandant le fichage des citoyens, et part en guerre ouverte contre une chaîne d’information, Emmanuel Macron est muet. Sur ce sujet majeur, il ne fait même pas semblant. A moins que le silence soit sa manière à lui de défendre la liberté. Délibérément il ignore la violation par une autorité publique d’un droit constitutionnel protégé par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, tout autant que par l’article 11 de la Charte de l’Union européenne sur les droits fondamentaux et 10 de la CDEH. Le devoir du gardien de la Constitution aurait été de déférer l’arrêt en question du Conseil d’Etat au Conseil Constitutionnel.

A force de simuler Emmanuel Macron est devenu inexistant, sauf quand il s’abstient d’agir.

On en vient à compter les jours qui séparent de la fin du mandat de ce non-Président, parfois avec agacement, quand donnant une interview à l’Humanité, ce qui est son droit, il déclare que le Rassemblement National ne devrait pas assister à la panthéonisation des résistants du groupe Manoukian. Cette position contestable lui appartient. Mais quand elle vient après qu’il ait contredit sèchement Mme Borne quand elle affublait le parti de Marine Le Pen du qualificatif de pétainiste, force est de constater que notre chef de l’Etat dit tout et son contraire, c’est-à-dire n’importe quoi.

On ne peut manquer d’observer aussi qu’à propos de l’appartenance ou non du RN à l’arc républicain, singulier objet propre à se tirer une flèche dans le pied, Emmanuel Macron contredit Gabriel Attal donnant le sentiment qu’il ne nomme pas des Premiers Ministres pour de vrai, mais à seule fin de les contrecarrer, leur intimant illico l’ordre de se contenter de faire semblant de gouverner.

Le plus inquiétant est que si Tartuffe avait un but crapuleux quand il feignait la bigoterie, Emmanuel Macron dissimule seulement une absence de projet, Roi feignant, version nouvelle du roi fainéant incarné par Jacques Chirac, il aboutit au même résultat, le néant. Avec son gouvernement sans gouvernail, la France va, comme le bateau ivre de Rimbaud qui n’est plus tiré par ses haleurs, au gré des vents mauvais, se fracasser sur les récifs d’un monde hostile où seuls les peuples vrais et déterminés ont une chance de survivre.

La duplicité d’une langue fourchue présidentielle est parvenue à un sommet indépassable où la crédibilité de l’Etat qui parle par sa bouche est compromise par celui-là même qui prétend la restaurer.

FREDAL

Les « Haredim » : Danger pour l’État d’Israël ?

Les ultra orthodoxes désignés par le nom de Haredim, littéralement les «Craignant Dieu», sont en Israël, environ 200.000. Ils se caractérisent par leur rejet, voire la haine du Sionisme. Ils sont convaincus que seul le Messie serait légitime à refonder l’Etat d’Israël. Les dirigeants actuels sont donc pour eux des impies et des imposteurs. Faisant primer la loi divine et refusant d’entrer dans l’ère d’Internet il en résulte un refus de l’autorité de l’Etat, de sa défense, et bien entendu, de tout service militaire.

L’influence des ultras-orthodoxes est grandissante. Petit à petit, les hommes en noir grignotent du terrain sur les libertés individuelles, modifient le droit et déstabilisent la démocratie israélienne

Il leur est néanmoins permis, selon leurs convictions, de vivre en Israël, et leur démographie galopante en fait, notamment, des concurrents des Palestiniens en Cisjordanie où leurs colonies comptent 60.000 personnes.

Les Unes des médias israéliens de ces derniers mois ont mis en évidence des indicateurs économiques troublants. Pour faire simple, la communauté haredi, qui ne représente que 12 % de la population israélienne, est un épicentre de la pauvreté.

Mais cette pauvreté n’est pas une fatalité ; elle est due presque entièrement aux choix culturels et religieux de la communauté. Un très grand nombre d’hommes haredim préfèrent l’étude de la Torah au travail. Et il est difficile d’obtenir des emplois bien rémunérés lorsque l’étude des mathématiques, de l’anglais et des sciences s’arrête dès les premières années du primaire, comme c’est le cas dans une grande partie du système scolaire haredi.

Leur origine est surtout ashkénaze, il existe plusieurs nuances de Haredim, car autant de Juifs, autant de certitudes plus une dit le proverbe, mais ils sont nombreux à respecter les « trois serments ».

De quoi s’agit-il ?

Selon une thèse historiquement dominante chez les religieux, Dieu a détruit le royaume d’Israël pour punir les Juifs. La vie en terre sainte est néanmoins possible, mais toute tentative autonome de créer un État est une révolte contre Dieu. Ainsi le Talmud de Babylone dans son commentaire du Cantique déclare :

  1. Qu’Israël ne « forcerait pas la muraille » (c’est-à-dire que le peuple d’Israël s’engage à ne pas conquérir la Terre par la force).
  2. Que HaShem a fait jurer à Israël qu’il ne se rebellerait pas contre les nations (c’est-à-dire que le peuple d’Israël s’engage à obéir aux gouvernements pendant son exil, en attendant « que la main de Dieu se manifeste aux yeux du monde »).
  3. Qu’en échange, HaShem a fait jurer aux nations de ne « pas trop » opprimer Israël.

Cette vision, connue sous le nom des « trois Serments a joué un rôle considérable dans la pensée religieuse antisioniste, et elle est encore évoquée aujourd’hui par les Netourei Karta (mouvement négationniste juif !!!) et les hassidim de Satmar ».

Il n’est pas nécessaire d’être grand docteur en psychologie pour comprendre que cette philosophie de la résignation et de la soumission étaient des traitements médicamenteux destinés à aider les Juifs à endurer leur sort, lors de la captivité à Babylone et par la suite dans les Ghettos de la Diaspora.

Dans l’Israël d’aujourd’hui cette doctrine est non seulement anachronique, mais très préjudiciable. Le malheur est que son influence s’étend jusqu’au Gouvernement.

Le dernier Cabinet Netanyahu n’a pu accéder au pouvoir que par l’alliance de la droite conservatrice avec les ultra-orthodoxes, Le vice-premier ministre est aussi président du parti Shas, maintenu à ce titre bien que la Cour Suprême l’ait invalidé en tant que ministre pour corruption. Ce parti ultra-orthodoxe est majoritairement séfarade, les Haredim, d’origine européenne, se tenant hors de la vie sociale. Ses positions sont très floues et contradictoires, mais il n’est pas indifférent que le pogrom perpétré par les Palestiniens le 7 octobre coincide avec son arrivée au Gouvernement.

Dans les nouveaux accords, les partis ultra-orthodoxes – le Shas et Yahadout HaTorah – ont exigé et obtenu une augmentation sans précédent des allocations pour les étudiants en yeshiva et une augmentation des allocations pour les enfants, des subventions pour les garderies sans condition de revenu (c’est-à-dire que les parents n’ont pas besoin de travailler pour que leur garderie soit couverte par des fonds publics), un programme de coupons alimentaires financé par le gouvernement et une augmentation significative du financement des écoles qui n’enseignent pas les matières du tronc commun, et plus encore.

Le chiffre le plus stupéfiant est certainement le suivant : la communauté haredi ne paie que 2 % du total des recettes fiscales du pays.

Et si elle contribue peu aux caisses publiques, elle en retire beaucoup. Au moins 26 % du revenu total des 200 000 ménages haredim du pays provient de paiements gouvernementaux, y compris l’aide sociale, les allocations d’études… C’est 2,4 fois le chiffre de 11 % pour les Juifs laïcs. Et il ne s’agit là que d’une mesure des paiements directs du gouvernement ; elle n’inclut pas les vastes dépenses pour les soins de santé, entre autres services.

En d’autres termes, pour maintenir ses choix culturels de chômage généralisé et d’évitement de l’éducation moderne, la communauté haredi doit imposer un transfert massif de richesse des autres communautés vers la sienne.

David.O Arfi

L’Argentine enregistre son premier excédent budgétaire mensuel en 12 ans

Le nouveau président argentin, M. Javier Milei, s’est engagé à équilibrer les finances publiques d’ici 2024.

Le gouvernement argentin a enregistré en janvier son premier excédent budgétaire mensuel depuis près de 12 ans, alors que le nouveau président Javier Milei continue de faire pression pour de fortes réductions des dépenses, a annoncé le ministère de l’Économie.

Janvier a été le premier mois complet au pouvoir de M. Milei, un libertaire d’extrême droite qui a pris ses fonctions en décembre, et il s’est terminé avec un solde positif des finances du secteur public de 589 millions de dollars américains (800 millions de dollars singapouriens) au taux de change officiel. », a déclaré le gouvernement le 16 février.

Ce chiffre inclut le paiement des intérêts sur la dette publique.

Il s’agit du « premier excédent financier (mensuel) depuis août 2012, et du premier excédent pour un mois de janvier depuis 2011 », a indiqué le ministère de l’Economie, selon l’agence de presse officielle Telam.

M. Milei négocie avec le Fonds monétaire international un prêt de 44 milliards de dollars et s’est engagé à atteindre l’équilibre des finances publiques en 2024.

« Le déficit zéro n’est pas négociable », a déclaré le ministre de l’Economie Luis Caputo

M. Milei, économiste, a préconisé de fortes réductions des dépenses et une réduction de la dette publique dans le sens d’une dollarisation de l’économie.

Suite à une dévaluation de 50 pour cent du peso, une levée des contrôles des prix et de fortes augmentations des taux, l’Argentine a connu un taux d’inflation en janvier de 20,6 pour cent, avec un taux sur 12 mois de 254,2 pour cent.

L’année 2023, dernière année du gouvernement de centre-gauche de M. Alberto Fernández, s’est terminée avec un taux d’inflation de 211 pour cent.

Alors que la pauvreté touche 45 pour cent de la population, M. Milei a prédit un rebond économique d’ici trois mois.

JJ.A

Le JUIF et l’ARGENT Versus Aime Ton Prochain Comme Toi-Même

Aime ton prochain comme toi-même

« Ce n’est pas la personne qui nous met dans la joie, mais l’idée qu’on en a »

Baruch Spinoza en fait le fondement de l’éthique, le droit hébraïque, la cause de tout jugement. Comment concilier ces allégations avec d’autres déclarations, non moins catégoriques comme celle de Freud pour qui l’obligation proclamée en tout lieu d’aimer son prochain procéderait d’une pure pétition de principe.

Encore faut-il s’interroger sur l’opportunité d’une pareille affirmation. Pour ma part elle ne saurait s’inscrire dans un discours de « compétition religieuse«  où il s’agirait de fonder des prix d’excellence divine ou de prendre ses marques au titre du « mieux-disant théologique ».

Le judaïsme affirme la primauté sociale, éthique et religieuse, de la solidarité. D’une part, il n’a jamais méconnu les difficultés pratiques de sa mise en œuvre, d’autre part c’est à l’échec de cette mise en œuvre qu’il a imputé les exils du peuple d’Israël, et non pas dû à la force militaire supérieure des armées d’en face.

Cette généalogie remonte à des mythes tenaces, reproduits de génération en génération pour les bénéfices secondaires qu’ils procurent, ou à des péripéties bibliques malheureuses dont on se refuse toutefois à reconnaître l’issue bénéfique et le dépassement spirituel…

Autant dire que dans le judaïsme la solidarité est une valeur d’éthique pratique, pratique en ce qu’elle détermine non pas des engagements purement verbaux ou des épanchements de belles âmes mais des comportements déterminés dont la typologie est nettement dessinée…

DE L’ANTISÉMITISME TRADITIONNEL À L’ISLAMO-GAUCHISME

Encore une fois, les Palestiniens ont bien compris une chose : l’inconscient ignore la contradiction…. Aussi peuvent-ils tout dire et son contraire, comme dans la logique du chaudron de Freud. Ce mépris de toute vraisemblance et de toute logique, affiché par le monde arabe en matière politique notamment, a donc une puissante force d’attraction pour entraîner l’adhésion de l’inconscient. Ainsi peut apparaître sans risque le cynisme le plus éclatant, soutenant à la fois que la Shoah n’a pas existé, qu’elle était justifiée, et que les Israéliens, évidemment font pire.

Dans sa négation de l’autre, la doctrine «islamiste» ignore aussi ce qui dans le temps pourrait signifier l’existence de celui-ci, et en cela aussi rencontre une caractéristique de l’inconscient. Ceci a d’abord pour conséquence la perméabilité à tout discours fondé sur un déni de l’histoire pour nier la légitimité d’Israël. C’est ainsi qu’Arafat par exemple pouvait assurer qu’il n’y avait jamais eu de temple sur le mont Moriah, sans se discréditer pour autant aux yeux du public européen. Il est vrai que l’indifférence pour l’histoire, la perméabilité aux anachronismes, sont également des caractéristiques fréquentes de la pensée de gauche contemporaine et, sans doute aussi, par une facilité peu honorable, d’une partie de la profession journalistique, de sorte que tout révisionnisme n’a aucun mal à se frayer un chemin auprès d’elles. Cette manière synchronique de reconsidérer les faits, en limitant l’intérêt historique au passé le plus immédiat, est très bien illustrée par le soutien apporté tant aux antisionistes qu’aux révisionnistes.

Le Juif et l’Argent

Constater que l’antisémitisme n’est plus ce qu’il était est devenu un lieu commun. Pendant les deux ou trois décennies qui ont immédiatement suivi la Seconde Guerre mondiale, il n’osait que peu se manifester. Puis, sans dire son nom, il a trouvé la forme de l’antisionisme pour constituer l’État juif en Juif des nations. Aujourd’hui, il est de retour dans la société française. Je ne parlerai pas ici de l’extrême-droite, dont le rejet fait si bien l’unanimité que le seul plan sur lequel l’extrême-gauche et souvent la gauche n’ont aucun problème pour tenir le même discours qu’elle, voire la rejoindre et l’amplifier dans les votes, à l’opposition à Israël et au soi-disant « fondamentalisme juif ». Remarquons que c’est là renouer avec une vieille tradition d’antisémitisme, dénonçant les Juifs « capitalistes » au nom des opprimés. On est passé en un éclair du peuple en trop de la période sombre de 1940 à l’état en trop aujourd’hui.

Il faut avant tout sonder la profondeur et mesurer la prégnance de tels préjugés et stéréotypes. Un simple sondage dans la littérature courante atteste de l’identification de la figure du Juif à l’argent, à l’usure, à l’exploitation économique, et cela tant dans la rhétorique antisémite classique, rangée insidieusement dans l’idéologie se réclamant de l’islamo-gauchisme.

Citer en ce sens les références les plus virulentes prenant parti d’un « monde«  arabo-musulman regroupant de nombreuses nations comptant un milliard d’individus au détriment d’un petit État et d’un petit peuple ne dépassant pas quinze à seize millions de personnes, et dont la solidarité est loin d’être toujours sans failles, comporte évidemment des « bénéfices secondaires » serait fastidieux.

Peu de questions comme celle de l’argent mettent en évidence l’irrationalité destructrice de certains stéréotypes affectant la réalité du judaïsme. Pour exemple, ceux désignant la famille Rothschild, emblème du capitalisme réputé cosmopolite et vampirique, objet conjoint de la haine antijuive, simultanément nazie et bolchevique.

La formule de Marx dans La Question juive en rend compte d’une manière lapidaire. Il suffit de l’énoncer : «L’argent est le Dieu jaloux d’Israël devant qui nul autre dieu ne doit subsister».

Céder à ces stéréotypes s’avère alors néfaste, à deux titres, au moins. En y cédant, d’abord l’on contribue à mettre en danger physique la collectivité humaine qui doit endurer la haine qu’ils recèlent et qu’ils finissent par exprimer de manière génocidaire. Souvenons-nous à ce propos de la dernière phrase de La Question juive de Marx : «L’émancipation sociale des Juifs, c’est l’émancipation de la société du judaïsme».

Une solution qui se veut finale, philosophiquement ou économiquement, ou socialement, en engendre d’autres, encore plus expéditives, plus globales et, surtout, irréversibles…

FREDAL