IGNORANCE ou MAUVAISE FOI

Assurément Israël est un pays merveilleux. Je ne veux pas parler ici de ses paysages ou des souvenirs à la fois historiques et vivants qu’il abrite. Je veux parler des hommes et des femmes qui le peuplent et de la diversité de leurs choix de vie. En même temps, à chaque fois que je m’y rends, je me pose sempiternellement cette même question. Pourquoi ce pays n’a donc jamais connu la paix depuis sa reconnaissance ?

Palestine, palestiniens, peuple palestinien, Cisjordanie, territoires palestiniens occupés, colons, colonies, armée d’occupation, prison à ciel ouvert. La réalité est masquée en inventant un vocabulaire spécifique et mensonger uniquement pour que quoi qu’on dise en utilisant ces mots, le coupable ne peut être qu’Israël.

Le parallèle que les auteurs tentent d’établir entre la guerre russo-ukrainienne et le conflit israélo-palestinien relève de l’ignorance ou de la mauvaise foi – ou des deux. La Russie a agressé et partiellement annexé un pays souverain. Il s’agit là d’une violation fondamentale de la charte des Nations unies. C’est précisément pour protéger les pays agressés que le chapitre VII de ladite charte prévoit l’usage de la force par le Conseil de sécurité contre l’agresseur – ce qu’il fit contre la Corée du Nord en 1950, et contre l’Irak en 1991, en l’absence d’un veto soviétique. L’actuelle configuration territoriale du conflit israélo-palestinien, en revanche, est le résultat d’une agression contre Israël et elle ne constitue pas une occupation illégale. C’est Israël qui fut agressé par les armées de la Ligue arabe après avoir déclaré son indépendance en mai 1948. C’est Israël qui fut agressé par l’Égypte en juin 1967 lorsque Nasser lui bloqua l’accès à la mer Rouge (un acte de guerre, ou casus belli) et lorsque l’armée jordanienne ouvrit le feu contre Israël (alors qu’Israël avait prévenu le roi Hussein que Tsahal ne toucherait pas au royaume s’il restait en dehors des hostilités).

En juin 1967, Israël ne conquit pas des « territoires palestiniens » et il ne devint pas un « occupant illégal ». Entre 1949 et 1967, la bande de Gaza et la rive occidentale du Jourdain étaient contrôlées respectivement par l’Égypte et par la Transjordanie. Ces territoires étaient-ils alors égyptiens et jordaniens, ou palestiniens ? Le fait est que la rive occidentale du Jourdain est toujours appelée « Cisjordanie » en français, car c’est ainsi que la Transjordanie nomma ce territoire qu’elle conquit en 1948 et annexa en 1950.

Or, cette annexion ne fut jamais entérinée par l’ONU (elle ne fut reconnue que par la Grande-Bretagne et par le Pakistan). Israël ne conquit donc pas un pays souverain, ou une partie d’un pays souverain, en juin 1967, mais un territoire contesté qui faisait partie du mandat que la Société des Nations avait destiné en 1922 à l’autodétermination du peuple juif. C’est sur ce territoire que se succédèrent pendant un millénaire des royaumes juifs avant la destruction romaine au premier siècle et l’invasion arabe au septième. Les Juifs ne sont pas à la Judée ce que la France fut à l’Algérie ou l’Angleterre à l’Inde. Ils furent pourtant prêts à renoncer à une partie de leur terre historique pour accommoder les revendications de la population arabe et pour assurer la cohésion de leur État-nation. C’est pourquoi ils acceptèrent les plans de partage britannique et onusien (de 1937 et de 1947 respectivement), tous deux rejetés par les Arabes.

La guerre de 1967 (ou guerre des Six Jours) fut la conséquence et non la cause du conflit israélo-arabe. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) fut créée en 1964, soit trois ans avant la conquête de la Cisjordanie par Israël. En 1995, le gouvernement militaire israélien fut dissous en Cisjordanie (Zones A et B) et à Gaza et remplacé par un gouvernement palestinien. En 2005, Israël se retira de la bande de Gaza. Comment peut-on, dès lors, continuer de parler d’occupation et de régime militaire ? L’armée israélienne ne maintient son contrôle que dans la « Zone C » de la Cisjordanie conformément aux accords d’Oslo. Ces accords auraient abouti si Yasser Arafat n’avait pas rejeté le Plan Clinton en décembre 2000 et si Mahmoud Abbas n’avait pas rejeté la proposition d’Ehud Olmert en 2008 et le plan de paix de John Kerry en 2014. De nouveau, les auteurs font preuve de mauvaise foi en imputant à Israël, et uniquement à Israël, le statu quo.

Cette mauvaise foi prend une dimension diffamatoire avec l’accusation d’apartheid et de transfert forcé. Israël est le seul pays du Proche-Orient où les Arabes sont libres. En Israël, un chef de l’État (Moshé Katzav) a été envoyé en prison par un juge arabe. Israël est une démocratie occidentale, dont il faut rappeler qu’elle compte un parti islamiste dans sa coalition gouvernementale sortante. La « répression structurelle » et les « violations des droits civils fondamentaux, notamment la liberté d’expression et de réunion » que décrivent les auteurs sont bien le sort des Palestiniens qui vivent sous le régime du Hamas à Gaza et de ceux qui vivent sous le régime de l’OLP en Cisjordanie. Ils l’attribuent pourtant à Israël, alors que les quelque cent mille Palestiniens qui vivent sous régime israélien en Zone C, eux, jouissent de la protection de la Cour suprême d’Israël. C’est cette même Cour suprême qui autorise, lorsqu’elle est saisie, la destruction de constructions illégales, qu’elles soient juives ou arabes, telle que la construction illégale de Masafer Yatta.

Effacé qu’Israël a fait preuve vis à vis de sa communauté musulmane des plus grands égards lui accordant les mêmes droit et devoirs que tous les autres citoyens lui ouvrant les portes de sa fonction publique (police et magistrature) l’accès à l’armée et qu’en retour les israéliens n’ont reçu de la part de la communauté internationale que ces épithètes « Apartheid et colonialisme »

Même les pays arabes en ont assez de cette intransigeance et de cette mauvaise foi. C’est pourquoi ils normalisent leurs relations avec Israël qui a des accords de paix avec plusieurs d’entre eux. Pour qu’un accord soit conclu aussi avec les Palestiniens, il faudrait un nouveau leadership libéré des slogans du passé ressassés sans conviction par des has been vieillissants, à Ramallah, Paris, Londres, Copenhague, Helsinki et ailleurs.

FREDAL

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