La Mortalité en Réanimation serait Quatre fois Supérieure aux chiffres Annoncés

Si depuis plus de deux semaines déjà le nombre des patients admis en réanimation baisse régulièrement dans l’Hexagone , une autre polémique semble se développer. A savoir quelle est la part de ces patients, atteints du coronavirus Covid-19, qui décèdent. Le 17 avril dernier, lors de sa conférence de presse, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, a indiqué que le taux de mortalité de ces patients était de 10 %. Mais ce chiffre est contesté.

Plusieurs voix – médecins généralistes, épidémiologistes, soignants en service de réanimation – s’étaient élevées pour affirmer que ces chiffres étaient très sous-estimés. Selon une étude révélée par le Monde qui a suivi une cohorte d’un peu plus de 1.000 malades. Faisons un point.

À qui doit-on cette étude?

Au Réseau européen de ventilation artificielle. Créé en 2009 à l’occasion de l’épidémie de la grippe H1N1, le Reva s’intéresse à toutes les formes graves de réanimation en France. Et si ses données sont récentes, elles n’en restent pas moins sérieuses, effectuées directement sur le terrain et à partir d’un échantillon le plus vaste possible : avec la pandémie du nouveau coronavirus, le réseau est ainsi passé de 70 à 200 centres de réanimation.

Quotidiennement, chacun renseigne un registre informatique sur le parcours des patients Covid en réanimation : arrivées, transferts, sorties, décès… À partir de 4 000 malades admis en réanimation à cause du nouveau coronavirus, indique Le Monde, un ensemble d’un millier de patients a pu être constitué et suivi pendant près d’un mois, du 28 mars jusqu’au 25 avril.

Que montre l’étude du Reva?

Que nous nous dirigeons vers une mortalité de 30 % à 40 % en service de réanimation commente Matthieu Schmidt, médecin réanimateur à la Pitié-Salpétrière, à Paris, et coordinateur du Reva, interrogé par le quotidien. Selon Le Monde, ce médecin ne s’attendait pas à avoir des chiffres aussi élevés lorsqu’il a lancé l’étude : « On n’est pas seulement sur une pneumonie, sur une simple défaillance des organes pulmonaires, mais sur une pathologie grave qui a aussi une grande composante inflammatoire, vasculaire ou qui peut également atteindre les reins. »

Pourquoi une telle mortalité?

Pour le coordinateur du Réseau européen de ventilation artificielle, l’explication tient à la gravité et au caractère protéiforme de la maladie

Qu’en pensent les autres médecins sur le terrain?

Contactés par Le Monde, plusieurs médecins en réanimation confirment l’estimation du Reva, que ce soit à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine) ou encore au centre hospitalier régional universitaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Pourquoi des chiffres du gouvernement aussi bas?

Parce qu’ils correspondent à des données à un instant « T » et qu’ils ne reflètent pas la mortalité définitive. En fait, Jérôme Salomon, s’est fondé sur le point épidémiologique de Santé publique France du 16 avril. Selon ce document, sur 2 806 patients présents dans 144 services de réanimation du 16 mars au 12 avril, 291 d’entre eux sont morts, soit 10,37 %, effectivement. Mais à cette époque, seuls 55 % de ces patients avaient fait l’objet d’une ventilation invasive, contre 80 % dans l’ensemble du groupe étudié par le Reva.

Mais, lors de ce point épidémiologique, on apprenait également que 735 personnes en étaient sorties et, surtout, qu’il en restait 1 780, entrées en réa à des dates différentes au cours de ce mois, et dont le statut final n’était pas encore connu. Dans la mesure où le sort de la grande majorité des cas était encore à venir (certains allaient guérir, d’autres mourir), impossible d’affirmer que le taux de mortalité en réa, sur la base de ces chiffres, est de 10 %. Ce que reconnaissent d’ailleurs les services de Jérôme Salomon

De ce fait, conclut Le Monde, plusieurs médecins critiquent la méthodologie employée : C’est justement le travail réalisé dans le cadre de l’étude Reva.

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